À l’abri des phares
Profond estuaire de la côte nord du Finistère, le port de plaisance de l’Aber Wrac’h, surnommé joliment “fjord breton”, accueille les départs de course au large comme les jeunes voileux qui s’initient aux rudiments de la navigation.
Sur les rives de l'Aber Wrac'h
Il est des lieux où il fait particulièrement bon arriver par bateau. Que l’on ait traversé la Manche ou que l’on fasse escale lors du Tour du Finistère à la voile, l’Aber Wrac’h est havre apprécié des marins. Et il n’est pas rare d’en croiser, démarche chaloupée, humer l’air du large et apprécier s’il fera beau demain.
L’Aber Wrac’h, c’est aussi forcément, le souvenir du père Jaouen, figure généreuse, haute en couleur, qui manque aujourd’hui dans le paysage. Né à Ouessant, il grandit à Kerlouan, est ordonné Jésuite, crée l’Aumônerie de la jeunesse délinquante et décide d’envoyer les gamins chahutés par la vie voir le large. La base est posée à l’entrée de l’Aber Wrac’h et les goélettes emblématiques jamais bien loin : le Bel Espoir, actuellement en restauration, et le Rara Avis. L’association Amis de Jeudi Dimanche poursuit le travail dans l’esprit du fondateur.
Mais se faufiler dans la passe pour parvenir à l’Aber Wrac’h se mérite. Roches, îlots, îles, écueils en tous genres, se démultiplient. En kayak, on s’y amuse en faisant du rase-cailloux, en voilier c’est chose un peu plus délicate… Mais la gageure en vaut la peine ! Île Stagadon véritable île de Robinsons, île Wrac’h, île seulement à marée basse, où sont organisées chaque été au sein de la maison-phare des expositions sous l’égide de l’association IPPA (îles et phares du pays des Abers), fort Cézon… Ce sont des amers, des repères.
Marée haute, marée basse, un paysage tout en variations. La nuit, de retour de la crêperie, le faisceau puissant du phare de l’île Vierge balaie les alentours. Rassurant, fantastique et familier.