En Finistère, rien d'impossible
À 36 ans, Carine Baranger mène de front trois activités, en tant que présidente de Maint & Sea, société d'édition de logiciels, présidente de C.Baranger & Sea, sa société de conseil en GMAO dans le domaine maritime, et ses missions régulières comme mécanicienne embarquée pour différents armateurs. Une expertise très ancrée dans le domaine maritime...
La jeune femme et la mer
Diplômée d'une école de commerce en 2013, Carine Baranger exerce, durant sa première partie de carrière, auprès de différentes compagnies maritimes, comme responsable de projets relatifs à des logiciels de maintenance maritime.
« J'allais souvent sur le terrain pour implémenter des données, à bord de navires. En étant au contact des techniciens sur les bateaux, j'ai appris à mieux comprendre les systèmes et j'ai développé une appétence pour la maintenance », explique la jeune femme. Après une expérience de dix ans dans la gestion de projets informatiques en lien avec la maintenance, Carine décide de se mettre à son compte. En décembre 2019, elle développe C.Baranger & Sea, une activité de conseil aux armateurs dans l'implémentation de logiciels de maintenance et dans l'accompagnement de projets, en lien avec l'optimisation de la maintenance. En parallèle, elle éprouve elle-même une réelle volonté de prendre la mer : « J'avais vraiment envie d'embarquer, mais il me fallait suivre une formation habilitée pour pouvoir être marin. Je souhaitais aussi exercer un métier plus manuel, plus pragmatique. » C'est pourquoi, la jeune femme réalise une reconversion et décide de suivre une formation de « mécanicien embarqué » au lycée maritime du Guilvinec, en septembre 2020. Aujourd'hui, elle alterne les périodes d'embarquement d'un à deux mois, comme mécanicienne, avec les périodes à terre, dédiées aux missions de conseil. Lorsqu'elle est en mer, Carine exerce comme salariée en CDD pour différents armateurs. Le travail ne manque pas : que ce soit dans le secteur de la pêche ou du commerce, la pénurie de personnel se fait ressentir.
Une application mobile et web
C'est durant sa formation et les différentes périodes d'embarquement qu'elle effectue, que Carine fait le lien entre les logiciels embarqués qu'elle connaît et les besoins des bateaux de pêche. « Au cours de mes différentes expériences, j'ai eu l'occasion de travailler avec des outils de GMAO (Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur) venant de l'industrie. Or, j'ai pu constater que les petits navires, qui ont des besoins similaires, ne disposaient pas jusqu'alors, d'outils adaptés. »
Dès lors, l'idée est née de créer Maint & Sea : une application mobile et web pour suivre la maintenance. « L'application est adaptée aux petits navires qui n'ont pas forcément les budgets nécessaires ni les moyens d'accueillir de gros outils. La majorité d'entre eux fonctionne avec un cahier machine en papier pour la maintenance », explique Carine. À la maintenance s'ajoute le volet réglementaire avec, entre autres, les extincteurs, les radeaux et les gilets de sauvetage, qui ont des dates de péremption. Ce sont les armateurs qui ont désormais la responsabilité du suivi, avec les enjeux financiers et sécuritaires que cela comprend.
Ainsi, l'application facilite le travail des armateurs, grâce à un système de rappels, d'alertes sur téléphone, avec également un accès possible hors ligne. Elle permet de réaliser la maintenance préventive puisque les échéanciers des constructeurs y sont intégrés, la maintenance réglementaire et la maintenance curative (avaries, pannes). « D'une manière générale, l'application accroît considérablement l'autonomie des marins. »
Analyser sa consommation à l'année
L'outil applicatif Maint & Sea se veut également innovant en matière de transition numérique et répondant à des enjeux environnementaux. Ainsi, il donne la possibilité de suivre sa consommation de carburant, d'hydrocarbures, d'huile et d'analyser sa consommation à l'année. Cette sensibilisation à des gestes plus responsables a été récompensée par le label TCF demain.
La SAS Maint & Sea a été lancée officiellement en avril 2021, par Carine Baranger, présidente, et Sébastien Gales, directeur général. « C'est un projet d'envergure et le mener à deux permet d'avoir une vision critique, de partager des compétences complémentaires, des réseaux différents et des expériences diverses. De plus, quand je suis embarquée, Sébastien prend le relais. » L'application, disponible en téléchargement sur abonnement, a connu un véritable engouement la première année de son lancement, en particulier dans le secteur de la pêche.
« D'autres secteurs, que nous n'avions pas ciblés de prime abord, tels que le transport de passagers, le fluvial, l'ostréicole, les champs éoliens, les bateaux-école se sont également montrés intéressés. » C'est pourquoi, une nouvelle version, plus segmentée et avec des adaptations propres à chaque secteur, devrait voir le jour à la rentrée 2022.
Son Finistère
L'obtention du label TCF demain répond à la volonté des deux associés de Maint & Sea de faire rayonner le département, de montrer les projets innovants menés par les Finistériens. « Nous participons aux ateliers de Tout Commence en Finistère sur des problématiques concrètes autour de la pollution numérique. Il y a un vrai dynamisme dans le réseau, avec une ouverture en termes de compétences et de partenariats, une multitude d'acteurs sur lesquels on peut se reposer. Ici, il n'y a pas grand chose d'impossible. »
Carine apprécie tout particulièrement la qualité du cadre de vie du département. « Il y a comme une aura. Et on arrive à être plus productif. »
Pour la jeune femme, le Finistère, c'est aussi la mer, bien sûr, et le domaine maritime. « C'est l'âme du Finistère, avec un potentiel énorme, des gens accueillants, courageux et travailleurs, qui portent leurs projets jusqu'au bout. Ici, on fait tout pour aller de l'avant ! »
