Christophe Mathieu, Brittany Ferries

Alors que la compagnie maritime Brittany Ferries fête son 50e anniversaire en 2022, son directeur général Christophe Mathieu revient sur les deux années qui viennent de s’écouler bouleversées par les remous et les heurts de la crise sanitaire. Le choc fut rude. Et la joie est grande en ce printemps de reprendre la mer et de se projeter enfin vers des lendemains que l’on espère plus sereins.

 

Comment la compagnie maritime Brittany Ferries a-t-elle vécu ces deux dernières années marquées du sceau du Covid ?

Ces deux années ont été terribles. Le ciel nous est tombé sur la tête. L'entreprise a cessé quasiment du jour au lendemain de transporter des passagers. Nous comptons, en 2020, 620.000 passagers, et en 2021, un peu plus de 430.000. Une année normale pour la Brittany Ferries représente 2,4 millions de passagers. En deux ans, nous n'avons même pas fait la moitié d'une année normale, ce qui vous donne l'ampleur de la réduction d'activité que l'on a connue pendant deux ans.

Nous avons continué à transporter des camions puisque le fret n'a jamais été arrêté, même au cours du premier confinement au printemps 2020. On a tendance à l'oublier parfois mais le ferry dépend de deux activités : transporter des voyageurs qui sont motorisés pour aller en vacances, mais aussi des camions de marchandises. Et heureusement que nous étions là et que nous avons continué à tourner.

Ces deux années ont été été très violentes au regard de la chute d'activité et du chiffre d'affaires. Aujourd'hui, c'est un peu comme au sortir d'un grave accident, on relativise, on apprécie le simple fait de pouvoir redémarrer à la fin du mois de mars et de se dire qu'on n'aura pas une troisième année comme celle-ci, que l'on va pouvoir retravailler, relancer l'entreprise, naviguer à nouveau à partir d'avril 2022. Faire voyager les gens c'est tout de même une activité très sympa, très noble, très enrichissante. Apprécions le moment. Dans un mois et demi on redémarre, et c'est génial.

D'un point de vue économique, il va sans dire que l'entreprise a dû être aidée par le fameux prêt garanti par l'État et qu'il va falloir le rembourser. Et même si l'État nous a accordé une subvention, elle ne couvre que partiellement la dette contractée pour sortir de la crise. Nous avons donc un impératif, démontrer que l'on est capable de retrouver le niveau d'activité de 2019.

 

D'autant plus que, outre les conséquences du Covid, vous subissez dans le même temps les effets du Brexit. La double peine en quelque sorte…

En effet… Un de nos enjeux pour la saison 2022, au-delà de vendre des billets à un niveau comparable à celui atteint en 2019, c'est d'être capable avec les autorités et les gestionnaires de port d'organiser nos escales afin d’effectuer des contrôles post-Brexit mais aussi de faire en sorte que ces contrôles ne soient pas un frein pour l'expérience client. Nous avons un enjeu de rotation et de respect de nos horaires. Tout va bien, on est content, on n'est pas mort, mais on n'en sort pas indemne.

 

Cette période extrêmement difficile a-t-elle été l'occasion de vous appuyer sur les fondamentaux de la compagnie ou bien au contraire de les repenser, de les revisiter ?

Cet attachement à la compagnie, à ses valeurs particulières, est une évidence pour les Bretons et encore plus pour les Finistériens. En revanche, il a fallu les expliquer au ministère de l’Économie et des Finances. La compagnie sort vivante de cette crise, mais elle est convalescente parce qu'elle a été blessée économiquement. Et même si nous avons obtenu une subvention qui a été validée par Bruxelles, elle a été acceptée à force de réexpliquer nos fondamentaux : une entreprise créée par les paysans pour le développement économique tout particulièrement de la Bretagne. C'est une entreprise qui emploie des marins français. Cette situation de crise nous a obligés à expliquer la singularité et la beauté du modèle Brittany Ferries.

Nous avons pu compter sur un vrai soutien de toute la classe politique bretonne. Ils ont milité pour que l'État aide la Brittany Ferries parce que ce modèle vaut la peine d'être poursuivi et soutenu. Ce n'est donc pas tant de revisiter nos fondamentaux. Nos fondamentaux sont nobles et nous avons réussi à démontrer que nous avons le droit à un avenir.

Pour revenir à l'actualité récente de la compagnie, l’arrivée du Salamanca, le tout dernier navire de la flotte, représente l'aboutissement de ces efforts. Baptisé par Jean-Yves Le Drian, salué par le Président de la République à Brest lors du One Ocean Summit, il est le symbole du renouveau et de la reconnaissance par l'État français de la valeur du modèle Brittany Ferries. C'est une vraie satisfaction.

 

Le Salamanca qui a été baptisé le 5 février 2022 à Roscoff est le premier navire de la flotte de la Brittany Ferries à être propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL), un carburant censé être plus écologique.

Le gaz naturel liquéfié reste un carburant fossile. Ce n'est pas un carburant zéro émission de CO2 mais on constate tout de même 20% d'émission de CO2 en moins pour la même énergie. À l'inverse du fioul, il ne génère aucune émission de dioxyde d'azote, très peu de dioxyde de souffre, et très peu de particules. C'est une sérieuse avancée au niveau environnemental, et ce n'est pas un choix évident pour les armateurs parce qu'aujourd'hui l'infrastructure de distribution du GNL est beaucoup moins développée que celle du fioul. C'est un vrai choix sociétal. Demain, nous espérons avoir accès à des carburants encore plus propres que le GNL.

En 2023, nous accueillerons le Santoña, qui sera aussi au GNL, puis deux autres navires rejoindront la flotte en 2024-2025 pour desservir Saint-Malo et Ouistreham. Ils seront eux aussi au GNL et seront équipés en outre de batteries qu'ils pourront recharger au port. Ce qui évitera toute émission de CO2 en escale. Nous continuons là encore à investir dans des solutions les plus propres possible, à faire des choix volontaristes.

Brittany Ferries

Port du Bloscon
29688 Roscoff

02 98 29 28 00

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