"J’aime voir les enfants choisir leur sapin de Noël"
Émeric Émeillat est apiculteur et producteur de sapins de Noël à Pleyber-Christ, près de Morlaix.
Quel est votre parcours ?
J’ai passé toute mon enfance à Pleyber-Christ. Mes parents sont venus s’y installer car mon père est originaire de là. Ils y ont installé leur exploitation apicole. Mon parcours, à moi, est plutôt atypique. Après le bac, j’ai suivi une licence et un master d’histoire-géographie. Je voulais être prof. J’ai commencé l’IUFM dans cette optique, puis j’ai tout plaqué pour partir sillonner la France en caravane pendant plus d’un an. Je voulais visiter notre pays, les fermes, … J’ai fait les vendanges à côté de Pau, puis j’ai travaillé pendant quinze mois dans une exploitation porcine, près de Pau, dont deux mois en Roumanie. Au final, mon tour de France s’est un peu résumé à Pau tellement je m’y suis plu. Là-bas, on n’est pas loin de la mer, pas loin de la montagne non plus. Je m’y suis fait beaucoup d’amis et j’y retourne très souvent. Je suis revenu en Bretagne pour passer un BPREA (Brevet professionnel responsable d'exploitation agricole) en production porcine. J’ai été salarié pendant huit ans dans un élevage de porcs avant de changer une nouvelle fois de direction pour reprendre les ruches de mes parents, à Pleyber-Christ. J’ai développé l’activité en achetant des terres autour de l’exploitation pour faire de la culture de sapins de Noël. J’ai tout appris sur le tas !
Parlez-nous de votre activité de producteur de sapins…
Mes deux activités d’apiculteur et producteur de sapins se complètent bien car leur saisonnalité n’est pas la même. Concernant les sapins, je reçois les plants lorsqu’ils ont 2 ou 3 ans et je les laisse prendre racine tranquillement. A partir des 4 ans des plants en terre, je procède à une taille importante pour leur donner la forme conique du sapin de Noël. L’entretien des parcelles, 8 hectares, est également primordial. Puis, autour de 5 ans, je fais une première coupe pour faire de la place autour des arbres. Ce n’est qu’à 6 ou 7 ans que le plus gros des sapins est coupé, mis en filet puis vendu. Je produits essentiellement des Nordmann et quelques Epicea. 80% des Français achètent des Nordmann qui tiennent mieux dans le temps et ne perdent pas leurs épines. Je vends mes sapins aux écoles, via les associations de parents d’élèves, aux mairies, à des pépiniéristes et des fleuristes, puis aux particuliers qui viennent directement choisir leur arbre sur l’exploitation. Le Finistère est un territoire privilégié pour la production de sapins de par son climat. Je vends entre 3000 et 4000 sapins selon les années.
Et d’apiculteur…
Côté miel, je suis producteur et récoltant. J’ai 400 ruches en production pour une récolte annuelle d’environ 8 tonnes, cela varie selon les années. Aujourd’hui, nous subissons des pertes conséquentes. Quand mon père accusait 5 à 6% de perte, aujourd’hui, c’est beaucoup plus, notamment à cause de l’évolution de l’environnement (arasement de talus et diminution des fleurs), des produits phytosanitaires ou encore des frelons asiatiques. Je produits des miels variés : sarrasin, bruyère, colza, châtaignier, lierre… Ils sont vendus principalement sur les marchés et dans quelques grandes surfaces du coin.
La crise sanitaire du COVID-19 a-t-elle impacté votre activité ?
Au printemps, plusieurs marchés ont fermé et de ce fait mon chiffre d’affaire a été réduit mais le miel n’est pas un produit périssable, je n’ai donc subi aucune perte de miel. Pour les sapins, c’est plus compliqué… Aujourd’hui, nous n’avons pas de visibilité sur les semaines à venir jusqu’à Noël, le stress commence à monter. Dans tous les cas, je couperai mes sapins à partir du 15-20 novembre et les particuliers pourront venir à l’exploitation choisir leur sapin. Nous sommes ouverts tous les mercredi, samedi et dimanche de décembre.
Quel est le sapin idéal ?
Un beau sapin naturel ! Pourquoi pas un sapin à deux têtes, à chacune son étoile pour les enfants. Le sapin idéal c’est celui qui plaît aux clients, aux enfants. Une fois décorés, tous les sapins sont beaux ! Il y a eu une mode pour les sapins artificiels il y a quelques années mais je constate que les gens reviennent aux sapins naturels. La production de sapins ne participe pas à la déforestation, c’est une culture, pour chaque arbre coupé, un nouveau sapin est planté.
Quel est votre meilleur souvenir de Noël ?
J’aime voir les enfants choisir leur sapin, c’est magique pour eux. Puis, bien sûr, j’apprécie avoir des bons retours de mes clients, des écoles. Cela fait chaud au cœur. La production de sapins est une culture longue qui demande un vrai investissement. Puis, personnellement, mes meilleurs souvenirs de Noël sont ceux passés avec ma fille. Voir ses yeux d’enfant s’illuminer le matin de Noël quand elle découvre ses cadeaux, quand elle se rend compte que le Père-Noël a mangé les chocos et le verre de lait qu’elle lui a laissé la veille… C’est magique !
Quel est votre coin préféré en Finistère ?
Sans hésitation, la Baie de Morlaix, Carantec… Il y a plein de lieux magnifiques en Finistère : les Glénan, Audierne, Locronan, Douarnenez, Fouesnant, Morgat…En fait, tant que l’on voit la mer… Nous, Finistériens, n’avons pas besoin d’aller très loin pour profiter d’endroits magnifiques.