Trésors de nos côtes
Terre de confins, terre de changements et d'innombrables variations, la Pointe du Raz, devenue Grand site de France, a toujours attiré, a toujours été très visitée. Il faut y venir les jours de ciel plombé, ressentir bruines et brouillards, et se repaître des embruns.
Un lieu féroce, hostile
Se rendre à la Pointe du Raz ressemble à s'y méprendre à un pèlerinage. Le jour venu, bien décidé à être chaviré, on fait route plein Ouest et l'on imagine aller à la rencontre d'un lieu féroce, hostile, où l'on se retrouvera seul face au soleil couchant, prêt à sombrer dans la mer.
Pourtant, étonnamment, comme l'écrit avec une redoutable justesse le grand écrivain Julien Gracq, “chaque fois que j'ai revu la pointe, c'était le même temps, la même lumière : jour alcyonien, calme et tiédeur, fête vaporeuse du ciel et de la brume. Chaque fois, c'est la terre à l'endroit de finir qui m'a paru irritée, non la mer. Je n'ai vu le Raz que souriant, assiégé par le chant des sirènes, je ne l'ai quitté qu'à regret, en me retournant jusqu'à la fin : il y a un désir puissant, sur cette dernière avancée de la terre, de n'aller plus que là où plonge le soleil”.
Julien Gracq a vécu sa rencontre avec le Raz comme une illumination. Un déferlement de pensées et de sensations. Le promeneur y succombera très certainement. Mais le Raz sait nous surprendre. La mer peut être d'huile. Le silence profond. Simplement la rumeur de l'océan qui chuchote. D'autres périodes peuvent s'avérer bien plus promptes aux attentes des romantiques. Les fêtes de fin d'année sont particulièrement propices… Alors c'est un vacarme de gerbes d'écumes et de coups de vent qui nous bousculent négligemment. Ces jours-ci sont plus favorables à la pêche au bar, poisson noble qui aime les eaux qui s'agitent. Sur leur frêle esquif, on peut apercevoir les ligneurs qui seuls à bord affrontent, avec courage et ardeur, le si fameux raz de Sein.