A bord de notre voilier, nous quittons ce matin notre mouillage dans le port de Brezellec. Face au Cap de la Chèvre, ce port est accroché sur le flanc de la pointe de Brezellec et offre une grande profondeur d’eau. Le mouillage y est possible en toutes saisons. Les falaises de 70m de haut qui l’entourent sont impressionnantes. Nous partons pour une grande journée à la découverte des ports abris du Cap Sizun. Les ports abris ont été bâtis par les habitants et marins du Cap Sizun au pied des falaises abruptes dès la fin du XIXe siècle. Ils sont encastrés dans la roche et offrent un refuge bienvenu sur cette côte sauvage et exposée aux vents.
Au bout du monde
Nous contournons au large la Pointe du Van et apercevons la Chapelle Saint-They qui surplombe la mer à quelques mètres seulement des falaises vertigineuses. Notre parcours se poursuit dans la Pointe du Raz où le paysage de cette côte sauvage aux hautes falaises couvertes de landes, exposées aux flots et aux vents est hallucinant. Ici, nous nous sentons vraiment au bout du monde !
Nous faisons une première halte rapide dans le petit port Feunteun Aod, soit « la fontaine de la côte », nom donné en raison de sa précieuse source d’eau douce qui jaillit de la falaise. Ce port possède une petite cale à la pente abrupte, un terre-plein, un parapet servant de brise-lames et comme de nombreux ports abris un treuil pour le hissage des barques de pêche sur la falaise. Le port abrite quelques barques de pêcheurs. Un peu plus haut sur le sentier qui grimpe vers le hameau de petites maisons en granit aux hortensias fleuris, une stèle a été érigée en mémoire de 32 résistants naufragés de 1944.Tout autour, sur les falaises couvertes de fougères et de bruyères serpente le sentier côtier.
Eau couleur émeraude
Nous reprenons notre parcours pour Bestrée, cet abri le plus proche de la Pointe du Raz de Sein. Ce port est protégé par deux digues reliant des enrochements naturels. La couleur brune des roches tranche avec la couleur émeraude de l’eau. Comme souvent au Cap Sizun, le vent est bien présent et le temps ensoleillé a laissé place à une brume marine. Dans ses conditions, vue du large, l’entrée parait plutôt technique mais nous mouillons sans encombre à l’abri de la digue pour une pause déjeuner. Le bruit des vagues qui viennent se briser sur les rochers est impressionnant. Cela se brise dans de tumultueux fracas et nous apprécions cet abri comme les quelques canots et barques. Il y a de nombreuses années, le port de Bestrée abritait une flottille de pêche côtière professionnelle constituée de canots en bois naviguant à la voile et à l’aviron. Bestrée était aussi le port utilisé par les phares et balises pour le ravitaillement des phares en mer, phares de la vieille et Tévennec et la relève des gardiens. Il fut également le port de départ du ravitailleur de l'île de Sein. Nous remarquons que l'escalier qui permet de remonter ou de s’y rendre est à flanc de falaise et les marches taillées dans la roche sont irrégulières. La cale est extrêmement pentue, avec de gros anneaux à intervalle régulier et un treuil qui fonctionne encore pour hisser à l’abri des vagues gigantesques les embarcations ou les caisses de poisson.
La brume s’est dissipée et nous reprenons notre parcours. En continuant de longer la côte, nous arrivons à un autre port abri, celui de Porz Loubous « port aux oiseaux ». Ce port a vraiment du charme avec sa petite cale de mise à l’eau des bateaux même s’il offre un abri un peu précaire. Ici encore, les vagues viennent se fracasser sur les rochers dans de splendides jets d’écume. En approchant avec notre voilier, notre regard est attiré en haut du port, par les jolies portes colorées des abris de matériel des pêcheurs, vertes, bleues ou couleur bois, témoignage du siècle dernier où ce port était très fréquenté par les pêcheurs locaux. Un treuil rouillé qui servait à remonter les canots est également encore visible.
Ce port est aussi un haut lieu de la Résistance puisque c’est dans cette crique discrète que débarquèrent d’Angleterre de nombreux résistants. Une plaque commémorative le rappelle aux usagers et visiteurs.
Nous poursuivons jusqu’à notre point d’arrivée de notre cabotage du jour, à Porz Tarz, le « port aux brisants ». Installé dans une anse, ce port est situé à quelques centaines de mètres du bourg de Primelin. Havre paisible relativement facile d’accès par la côte, l’abri fut utilisé autrefois par les marins pêcheurs mais aussi les paysans du voisinage qui y récoltaient le goémon pour amender leurs cultures. Sur le flanc Est de la crique, des viviers en maçonnerie ont été construits autrefois dans des grottes naturelles. Abandonnés, ces installations comme le treuil sont aujourd’hui prises par la rouille. Pour autant, cette crique encerclée de roches joue toujours son rôle d’abri et est bien connue et appréciée des plaisanciers. C’est dans ce petit port abri que se termine notre découverte.