« La mer, c'est ma bouée de sauvetage »
Après une année de pause en raison de la pandémie, le Tour du Finistère à la voile repart pour une 35e édition. Le fameux « Tourduf », piloté par Finistère 360° et le Comité départemental de voile, compte dans son comité d'organisation le navigateur Gaël Le Cléach.
Les inscriptions sont ouvertes
Depuis 2019, le skipper professionnel participe à l'organisation du Tourduf en mer. 2021 sera la 2e édition pour lui !
Trois mois avant le départ de la course, qui se déroulera du 25 au 31 juillet 2021 entre Morlaix et Port-la-Forêt, une quarantaine de bateaux de 7 à 16 mètres sont déjà pré-inscrits. « On sent une envie de naviguer chez les gens, après un an de restrictions », commente le commissaire de la course. Cette année est une sorte de clin d’œil, avec un départ du port de Morlaix, comme lors des premières éditions. En effet, depuis 2012, le départ de la course s'effectue depuis le port de plaisance de Roscoff. « Nous essayons également d'ouvrir la course aux personnes qui font du double car constituer un équipage de 5-6 personnes, disponibles pour partir une semaine, n'est pas toujours facile. Mais, nous sommes assez flexibles et les inscrits peuvent changer d'équipiers d'un jour sur l'autre. »
Pour aider les navigateurs à constituer un équipage, un partenariat a été mis en place avec la plateforme « Vog avec moi », qui propose une bourse aux équipiers. Par le passé, la course a réuni une centaine de bateaux au large des côtes du Finistère.
Le chef d'orchestre de la course
Les missions du commissaire de course sont variées. En amont, il prépare l’accueil des bateaux dans chaque port d'étape, et travaille sur les conditions d'accueil dans les villes traversées, en collaboration avec le comité de voile et le conseil départemental.
« J'élabore aussi différents parcours, je gère les modalités d'organisation et supervise les moyens nautiques sur l'eau, nécessaires à la sécurité des participants », précise Gaël Le Cléach. Il s'agit également d'imaginer des solutions de repli en cas de mauvais temps. Pendant l'épreuve, dont les départs sont espacés, il faut réguler les équipages pour que tout le monde arrive à peu près à l'heure à l'étape, dans les meilleures conditions de navigation possibles. « Nous essayons de faire en sorte que tout le monde soit content à l'arrivée ». Les coureurs viennent chercher la convivialité et apprécient les moments d'échange et de partage à l'arrivée. « Je suis comme un chef d'orchestre qui suit sa partition. Je propose un peu d'accompagnement et de formation, avec un briefing quotidien où j'attire l'attention sur les passages qui risquent d'être difficiles ».
Cette année, les conditions sanitaires étant plus strictes, le briefing sera probablement réalisé sous la forme de vidéos en direct. De plus, un partenariat a été conclu avec Adrena, qui crée des logiciels de navigation. Ainsi, les concurrents pourront se suivre à la trace sur l'eau, via une application. Concernant l'étape du soir, le commissaire de course reconnaît naviguer un peu à vue pour l'instant. « Nous allons sans doute proposer des paniers repas de qualité supérieure, à déguster à bord ».
Un marin aux multiples casquettes
Après une formation dans la marine marchande pour commander les navires de commerce, Gaël Le Cléach bifurque vers la course au large après avoir remporté le « Challenge Espoir » en 1995. Après quelque temps dans le circuit Figaro, il se retrouve sans sponsor et décide de changer de cap, direction Port-la-Forêt, où il rencontre Loïc Ponceau, entraîneur du Pôle Finistère Course au large. À son tour, Gaël devient entraîneur et prend la casquette de préparateur auprès de navigateurs comme Yann Eliès, Sébastien Josse, et de son jeune frère Armel alors skipper du Figaro, "Espoir Crédit Agricole".
En parallèle, il passe son brevet d'état voile. C'est à cette époque qu'il commence à travailler comme boat captain ou bras-droit du célèbre skipper Roland Jourdain. « J'ai fait la préparation du Vendée Globe pendant 10 ans, dont 6 avec Roland Jourdain, puis avec Armel ».
La navigation est en effet une histoire de famille chez les Le Cléach. Ainsi, Gaël est vainqueur avec Roland Jourdain de la Transat Jacques Vabre en 2001. Son frère Armel suit ses traces puisqu'il termine deux fois le Vendée Globe en seconde position (2008-2009 et 2012-2013), avant de remporter la 8e édition en 2016-2017.
Puis, à partir de 2014, Gaël s'oriente vers le coaching pour apprendre aux jeunes à naviguer en équipage sur Open 5/7. « Je leur transmets ce que j'ai pu acquérir à l'époque, déclare-t-il. Mais j'ai d'autres casquettes, car, en plus de l'organisation du Tourduf, je vends des voiles chez All purpose, le reste de l'année ».
Son Finistère
Originaire de Saint-Pol-de-Léon où il a passé son enfance, Gaël Le Cléach vit aujourd'hui à Carantec avec sa famille. Il peut ainsi profiter pleinement de la nouvelle infrastructure du port de Roscoff et de la baie de Morlaix qui est, selon lui « la plus belle du monde ». « Je suis né au bord de la mer ; c'est ma bouée de sauvetage. Ma vie est d'être sur l'eau ». Tout petit déjà ses grands-parents le conduisaient sur l'eau, suscitant ainsi la vocation qu'on lui connaît.
Enthousiaste, il partage sa vision du Finistère où il a jeté l'ancre : « Ici, les paysages changent avec les marées. 6h après, il n'y a plus d'eau et on peut aller pêcher, aller à la plage. J'adore partir à la journée sur l'une de nos îles. » L'homme aime les sensations que lui procurent les fabuleux paysages tout autant que le trait de côte du Finistère et la course au large. « J'aime le côté imprévisible de la navigation. Je suis un technicien et j'apprécie le fait de mettre au point des bateaux et d'avoir un retour d'expérience. Le côté tactique de la compétition me plaît aussi, comme trouver des stratégies pour battre les concurrents ».
Ses projets pour 2022 ? « J'aimerais proposer une étape un peu plus originale sur les îles, comme Ouessant, et de nouvelles destinations atypiques ». On ne peut que lui souhaiter bon vent !