Ambassadeur de la marque Tout Commence en Finistère, Guy Potier a reçu récemment le label "TCF demain" qui récompense son engagement pour un monde durable... à Ouessant ! Son laboratoire, Nividiskin, fait partie des projets qui veulent (ré)concilier l'homme et l'environnement, en lui permettant d'y vivre grâce aux ressources naturelles que sont les algues.
Tout commence avec la découverte par des chercheurs universitaires de polysaccharides très particuliers présents uniquement dans les algues brunes. Il s'avère par ailleurs que le site protégé de Ouessant, au cœur du parc naturel régional d'Armorique, regorge d'Ascophyllum, une variété d'algues brunes, et donc de ces fameux polysaccharides, dont l'Eusaphylane fait partie. Il s'agit de l'extrait utilisé par Nividiskin dans ses produits cosmétiques, en raison de ses propriétés dermatologiques, régénérantes, apaisantes et hydratantes.
Ces polysaccharrides peuvent également servir à faire des pansements, à réaliser des produits alimentaires et contribuer à des projets pharmaceutiques. Retour sur la création du laboratoire Nividiskin.
Naissance d'une marque territoriale
Vétérinaire de formation, Guy Potier a fait ses études à Nantes et s’est orienté dans l'industrie pharmaceutique. En 1997, il reprend une société, Therapol, qui possède des brevets d’Eusaphylane dans les domaines de la cicatrisation médicale et des pansements utilisés en chirurgie. « En 2005, j'ai débarqué à Ouessant où j'ai rencontré Jean-Yves Moigne, spécialiste des algues, qui possédait un atelier artisanal sur l'île. Il avait trouvé un moyen pour extraire l'Eusaphylane. Nous avons travaillé le procédé pour le mettre au point ». En 2007, Guy Potier reprend l'entreprise Algues & Mer, créée en 1994, puis est rejoint par un associé, Jean-Noël Villemin, l'année suivante.
En 2008, toute l'unité d'extraction est refaite à neuf pour pouvoir produire en quantités plus importantes. Nividiskin® forme alors au sein de l'entreprise Algues & Mer, un département spécialisé dans les soins dermo-cosmétiques grand public. Il doit son nom à Nividic, le phare le plus à l'ouest des côtes françaises.
Un développement en auto-financement
Nividiskin est issue, entre autres, de la volonté de commercialiser un produit qui auparavant était vendu directement aux professionnels d'autres marques. Mais surtout, la marque tient à préserver le développement durable au niveau local : « Qu'il s'agisse de l'exploitation des algues, de leur extraction ou de leur commercialisation, la manière de faire reste en harmonie avec l'environnement, avec l'écosystème, avec les gens qui vivent à Ouessant », explique Guy Potier, qui, par ailleurs, ne cache pas sa fierté d'avoir reçu le label « TCF demain » : « C'est une sorte de reconnaissance et un partage d'expériences. C'est chouette de fédérer toutes les initiatives de ce genre ».
Aujourd'hui, Nividiskin compte 400 points de vente, essentiellement en Bretagne, parmi lesquels 90 % de pharmacies, Armor Lux et des comptoirs de la mer. « Nous livrons directement nos produits aux pharmacies. Ce sont des produits techniques, qui aident la peau à se régénérer », commente Guy Potier. Le directeur du laboratoire s'attache à développer la gamme sur les départements du Finistère et des Côtes d'Armor, ainsi qu'en Loire-Atlantique et en Vendée, avec l'aide d'une commerciale. « Cela fait dix ans que l'activité existe, que nous nous développons et que nous nous auto-finançons ».
S'intégrer dans l'écosystème ouessantin
Dès le début de l'aventure, Guy Potier défend les valeurs du développement durable dans tous les sens du terme : environnemental, sociétal et cosmétique. « Notre volonté était de créer une activité locale et pérenne, destinée aux Ouessantins, et de proposer du travail à l'année aux jeunes qui veulent rester sur l'île ».
Sur le plan environnemental, le pari est tenu puisque Nividiskin est l'une des rares entreprises à travailler avec des algues certifiées bio, du fait de la qualité des eaux de Ouessant, où les activités industrielles et agricoles sont absentes. De plus, l'extraction de l'Eusaphylane s'effectue dans l'eau et le plus grand volume de déchets est constitué de « déchets naturels », qui sont remis dans leur environnement. La marque affiche donc clairement ses engagements environnementaux, en contribuant à une gestion durable de la ressource en algues et en limitant l'impact de ses activités sur l'île.
Elle s'engage également au niveau sociétal, en développant une activité économique pérenne : « Notre contribution, c'est de rester sur l'île et d'y développer l'activité humaine », précise le directeur du laboratoire. Ainsi, au lancement du produit, les ventes étaient réalisées uniquement à Ouessant par des Ouessantins. Aujourd'hui, les algues sont travaillées sur place et l'Eusaphylane qui en est extrait est ensuite envoyé au Relecq-Kerhuon pour être formulé et mis en tubes, avant de reprendre le bateau pour Ouessant ! Ainsi, même la Poste d’Ouessant est mise à contribution puisque c'est de là que partent les colis expédiés aux particuliers.
Dans la même logique de durabilité, les produits cosmétiques sont fabriqués avec des ingrédients naturels, et le packaging reste le plus simple possible. « Il y a encore beaucoup de travail à faire en cosmétique, c'est une industrie qui utilise encore de nombreux polluants. On pourrait parler aussi de "transition cosmétique". Avec notre formule complète, naturelle et active qui aide la peau à se régénérer, beaucoup d’autres produits plus « marketing » deviennent inutiles », commente Guy Potier.
Un lien ouessantin
Né à Paris, Guy Potier connaît la Bretagne depuis presque toujours puisqu'il y passait ses vacances, tout petit. Un véritable coup de cœur pour Ouessant l'a amené à acheter une maison à l'ouest de l'île, à Bouguezen, tout proche de Nividic.
« Le Finistère pour moi, c'est d'abord mon lien ouessantin. C'est la rencontre de personnages incroyables, avec qui j'ai tissé des liens. Des personnes avec leurs expériences propres, qui ont du caractère, se serrent les coudes et défendent leur territoire. Ce sont des valeurs que j'apprécie beaucoup ».
Aujourd'hui, il se partage entre l'île, le Finistère, et Paris où vit sa famille. « Dès que nous pouvons, nous venons à Ouessant en famille ».