Un sauvetage réussi
De 1850 à 1970, la langouste rouge a fait le bonheur de nombreuses familles de pêcheurs de Douarnenez, Audierne ou encore Camaret. Confrontés au déclin de la ressource, pêcheurs et scientifiques se sont alliés au chevet du crustacé. Une initiative exemplaire qui porte aujourd'hui ses fruits.
La langouste rouge, une espèce emblématique
Espèce emblématique de la pointe Finistère, recherchée pour sa chair délicate, considérée comme un mets raffiné, la langouste rouge, pourchassée sur les côtes rocheuses bretonnes et européennes, a fait la fortune et les beaux jours tout particulièrement du port de Camaret à partir de la fin du XIXe siècle. La ressource s'épuisant, les bateaux font alors route vers les mers plus au sud, du côté de la Mauritanie et du Maroc. La période est faste pour les pêcheurs, les mareyeurs, les chantiers navals, les poissonniers. L'effort de pêche s'accentue et dès la fin des années 1960, le déclin s'amorce durement. L'épuisement des fonds a raison du fameux crustacé qui se raréfie.
Les marins pêcheurs sensibilisés réagissent et définissent fin 2006 un périmètre d'interdiction de pêche. La gageure est de taille. Les agents du Parc naturel marin d'Iroise, en partenariat avec le comité départemental des pêches du Finistère et l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) commencent un suivi rigoureux et régulier du cantonnement à langoustes dans la chaussée de Sein qui devient en quelques années une véritable réserve. Depuis 2015, il semblerait que les restrictions aient porté leurs fruits. Le stock se reconstitue sous les yeux des pêcheurs et des scientifiques qui auscultent les fonds. Comment se comportent-elles ? Ce retour est-il durable ? Les données biologiques manquent encore. “Nous observons beaucoup de jeunes individus, à un niveau jamais rencontré par les pêcheurs depuis trente ans. Nous voulons comprendre les causes et les variations d'une année sur l'autre”, précisait en 2019 Martial Laurans, chercheur au laboratoire de Biologie halieutique de l'Ifremer et responsable du projet Reccru (Recrutement crustacés). Durant trois ans, les chercheurs vont plonger et analyser le comportement de l'espèce. Car si la langouste se porte mieux, elle reste rare et mérite encore beaucoup d'attentions.
