À Saint-Thégonnec, venez visiter « la 9e merveille du monde »
Suite à l’émission Des racines et des ailes consacrée au Finistère nord, passionnée de culture et de patrimoine, Anne a décidé de venir percer les secrets de l’enclos paroissial de Saint-Thégonnec, à une encablure de Morlaix. Les enclos paroissiaux seraient-ils la 9e merveille du monde… après le lac Rotomahana, en Nouvelle-Zélande ?
Les enclos ? Surenchère et rivalité entre « paroisses »
Dans le bourg de Saint-Thégonnec, Anne se dirige vers l’église qu’elle a repérée avec son fier clocher transperçant le ciel finistérien. Elle est saisie par la dimension monumentale de l’enclos, véritable rempart sensé protégé tout le village des « mauvaises ondes ». Accueillie par Adrien, un guide expérimenté, elle se laisse envoûter par les lieux. « Au XVIe siècle, la Bretagne est une province prospère grâce au commerce du lin et du chanvre. Des matériaux cultivés et tissés pour la fabrication des voiles des navires, des vêtements et des cordages. Les villages s’enrichissent et construisent des enclos paroissiaux. La rivalité des paroisses engendre une surenchère, chacun cherchant à avoir un enclos plus imposant que le voisin », explique-t-il. Un siècle plus tard, la région du Léon compte plus d’une quinzaine d’enclos paroissiaux.
Les enclos paroissiaux, « un livre de pierre »
En 1695, un décret royal vient interdire toute nouvelle construction religieuse « sans nécessité ». La baisse de la production toilière et des exportations agricoles signe la fin de « cette période d’opulence architecturale ». Dans les pas de son guide, Anne passe sous la « porte triomphale » et admire l’ensemble : le calvaire en granit, issu des carrières de Kersanton (matériau utilisé pour le socle de l’Obélisque de la Concorde à Paris), est orné de personnages religieux savamment ouvragés. « On dirait une bande dessinée », pense Anne en auscultant chacun d’entre eux. À l’intérieur de la chapelle, totalement subjuguée par la richesse architecturale des lieux, Anne ressent le même choc émotionnel que lorsqu’elle a visité la basilique Santo Croce à Florence, l’an dernier.
Les enclos paroissiaux, véritable décor de théâtre
Pour notre passionnée de patrimoine, le plus frappant, c’est la richesse du décor des lieux, à la fois austère et flamboyant, presque théâtral. Toute la prospérité de la région du Léon s’exprime ici avec magnificence. Les artistes, libérés de toute contrainte financière, ont laissé libre cours à leur imagination… résolument débridée. Anne, contemplative, avoue au guide qu’elle ne « s’attendait pas une telle exubérance ». « C’est tout simplement magnifique ». Ses pas la mènent vers le retable. « Il s’agit d’un vaste ensemble de panneaux en marbre, pierre, stuc ou bois, généralement peint ou orné de motifs décoratifs, placé verticalement derrière l'autel », poursuit le guide.
Les enclos, une ode à la spiritualité des lieux
Est-ce la spiritualité qui se dégage de ce lieu, la quiétude qui y règne et son atmosphère apaisante… ou tout à la fois ? Anne se rend compte qu’elle est là depuis plus d’une heure déjà. Avant de quitter, à regret, Saint-Thégonnec, elle souhaite visiter l’ossuaire. Construit par l’architecte Jean Le Bescont, l’ouvrage est dédié à la prière pour les défunts. « Le fronton triangulaire abrite la statue de saint Pol Aurélien, tenant en laisse le dragon qu’il aurait capturé à l’île de Batz », rappelle le guide. À l’intérieur, Anne découvre le retable de 1685, dédié à Saint-Joseph, « patron de la bonne mort ». Pour parachever sa visite, Anne descend dans la crypte où se trouve une spectaculaire mise au tombeau du Christ. Mais déjà, il est temps de rentrer dans les Monts d’Arrée, de se poser dans la chambre d’hôtes perdue dans la campagne de cet « autre Finistère »… et de rêver à ce qu’elle considère « comme étant la 9e merveille du monde ».