"L’envie de développer de nouveaux produits tout en faisant perdurer un process, une histoire et un savoir-faire"
La Compagnie Bretonne, anciennement Conserverie Furic, est une entreprise familiale spécialisée dans la fabrication et la vente de conserves de produits de la mer : sardines en boite, thon à l’huile, rillettes de poisson, soupes de poisson… Maria et Sten Furic y sont respectivement responsable des ressources humaines et directeur général.
Quand avez-vous intégré l’entreprise Furic ?
Sten : La Conserverie Furic est une entreprise familiale créée en 1872. Moi, j’ai intégré l’entreprise en 1998 lorsque mon père et ma mère (Jean-François et Joëlle Furic), Jacques Salas (cadre de production) ont repris les rênes. Ils n’étaient que trois, ils avaient besoin d’un coup de main et moi je terminais mes études. Puis, finalement, je ne suis jamais parti. L’entreprise a toujours été importante dans notre famille, on y travaillait l’été quand nous étions jeunes.
Les choses se sont accélérées en 2010. J’ai suivi une formation de deux ans en alternance pour acquérir une vision globale de la direction d’entreprise. Et c’est à l’issue de cela que les choses se sont faites naturellement et je suis devenue directeur général. Mon père est devenu mon consultant, les rôles se sont inversés.
Maria : Au départ, je travaillais pour la Conserverie en 2002, depuis Paris, avec Sten, dans le domaine commercial. En 2007, je suis venue travailler sur place, toujours dans le domaine commercial. Vers 2011/2012, j’ai succédé à ma mère aux ressources humaines. Ça a été, pour moi, une succession de défis pour avoir la légitimité.
La Compagnie bretonne, aujourd’hui, qu’est-ce que c’est ?
Sten : Nous sommes donc la quatrième génération à diriger l’entreprise qui est située dans un nouveau bâtiment à Penmarc’h, deux fois et demi plus grand que notre précédent site. Soixante-quatre personnes travaillent à l’unité de production et une dizaine de vendeurs gèrent les différents magasins et leur fonctionnement. Aujourd’hui, nous avons l’envie de développer de nouveaux produits et aussi de faire perdurer un process, une histoire et un savoir-faire.
Nous sommes présents sur deux marchés. D’une part, le marché de la restauration collective avec la marque « Kerity ». Il s’agit des cantines scolaires, des hôpitaux, de l’armée, de la restauration d’entreprises, des établissements de santé. Cela représente 60 à 65% de notre activité. Et, d’autre part, nous sommes présents sur le marché de l’épicerie fine haut de gamme à destination du grand public avec la marque « La Compagnie bretonne ». Nous transformons 1500 tonnes de matière première par an.
Comment cohabitent l’innovation et le savoir-faire, la tradition ?
Sten : Parmi nos produits, nous retrouvons les produits dits classiques, c’est-à-dire les conserves de sardines, maquereau, thon, etc. Ce sont nos produits historiques, transformés manuellement. Ils font partie de notre histoire et symbolisent notre savoir-faire, le travail du poisson dans le métier de la conserve. Puis, il y a toute une gamme de produits plus récents : les soupes, les rillettes, les émiettés, avec un travail des saveurs, avec les épices ou les algues. Ce sont des produits plus élaborés, plus innovants qui mêlent savoir-faire et liberté créative.
Comment sont imaginés et créés ces nouveaux produits ?
Sten : Historiquement, c’est notre mère qui était responsable de recherche et développement. Je travaillais avec elle car j’adore cuisiner et manger. Quand elle est partie, j’ai repris ce secteur avec le responsable d’atelier. Mais, évidemment, d’une part ce n’est pas ma formation initiale et, d’autre part, j’ai de moins en moins le temps de m’en occuper donc nous avons recruté un responsable en recherche et développement. Nous avons beaucoup d’idées de recettes que nous n’avions pas le temps jusqu’à maintenant de mettre en œuvre.
Comment l’entreprise s’engage-t-elle pour les transitions sociétales, climatiques, sociales ?
Sten : Nous avons toujours mené des actions ponctuelles prenant en compte les problématiques de responsabilité sociétale des entreprises. Depuis que nous sommes installés ici, nous avons la volonté d’afficher davantage des engagements concrets. Je pense à notre rôle auprès des écoles, notre rôle de partage et d’échange auprès des visiteurs et des groupes. Puis, entamer une réflexion sur quelle peut être notre contribution au progrès, au-delà des enjeux économiques, comment devenir un lieu de progrès…
Maria : J’ai réalisé il y a peu de temps la correspondance entre ce qu’était l’entreprise actuellement et notre travail pour la faire évoluer. Nous sommes une famille et même si cela n’est pas toujours facile, ça a été un socle solide pour un management différent, pour faire vivre des valeurs que mes parents ont distillées au sein de l’entreprise. Nous avons en effet déjà mené des actions isolées, sans que cela soit réellement cadré. Aujourd’hui, les entreprises le font davantage et cela permet aussi de mieux s’engager et d’avoir une stratégie plus équilibrée. C’est quelque chose que nous souhaitons mettre en place.
Quel regard portez-vous sur le métier de conserveur ?
Sten : Le métier de conserveur, c’est un vieux métier de plus de 200 ans. On peut le voir de différentes façons. D’une part, il y a l’importance du travail manuel, de la formation à ce geste humain. Puis, il y a le renouveau des recettes. On suit une vraie évolution mais l’important c’est l’humain.
Quelle est votre recette préférée ?
Maria : L’émietté de maquereau au kombu ! D’abord parce qu’il redonne au maquereau ses lettres de noblesse. On y retrouve beaucoup de saveurs, c’est un poisson gras avec une vraie valeur nutritive. L’association avec le kombu le modernise, j’aime beaucoup l’association algues/maquereau, la texture. C’est une vraie réussite. J’ajouterais aussi le tartare d’algues !
Sten : Oui, c’est un produit qui illustre bien ce vers quoi nous souhaitons aller demain. Pour ma part, j’ai des frustrations car cela fait longtemps que nous n’avons pas sorti de nouveaux produits. Et, je crois que celui qui me plait le plus c’est justement le prochain que nous allons faire. Il s’agit de quelque chose d’assez proche du maquereau au kombu. Puis d’autres choses, plus surprenantes !