"Bien manger, c'est manger local"
Nolwenn Corre est la cheffe de l'Hostellerie de la Pointe Saint-Mathieu, située à Plougonvelin, dans le Finistère. Elle a reçu, en 2019, une étoile au Guide Michelin.
Quel est votre parcours ?
Je suis Finistérienne et j'ai grandi dans les cuisines de mon père qui avait déjà repris les cuisines de son père, ici, à la Pointe Saint-Mathieu. J'ai passé toute mon enfance ici. J'ai passé mon bac au Paraclet, le lycée hôtelier de Quimper. Ensuite, je suis partie à l'Institut Paul-Bocuse, à Lyon. Par la suite, j'ai travaillé plusieurs maison parisienne, puis j'ai rejoins un chef breton, Jean-Luc L'Hourre, en Corse, au Marinca. Et, enfin, je suis rentrée ici pour prendre la succession de mon père, comme lui l'avait fait 30 ans auparavant avec son père. Aujourd'hui, nous avons deux hôtels, un 3* et un 4*, qui comptent une soixantaine de chambres, avec un restaurant gastronomique, un bistrot et des salles de séminaire et événementiel.
Comment définissez-vous votre cuisine ?
Ici, nous cuisinons depuis plus de 60 ans. Et en 1954, c'était un restaurant ouvrier. Puis, mon père en a fait un restaurant traditionnel et, enfin, je me suis positionnée sur une cuisine gastronomique que je définirais comme très finistérienne et très locale.
Qu'est-ce que c'est la cuisine finistérienne ?
La cuisine finistérienne, ce sont des influences finistériennes, des producteurs finistériens... J'essaye d'avoir un fil conducteur tout au long du repas : l'iode. Je suis née ici et j'ai grandi ici ; comment ne pas être influencée par notre terroir magnifique !
Qu'est-ce qui vous inspire ?
Mes influences sont variées. Les rencontres avec les producteurs et les agriculteurs, comme récemment Amelie Goossens et Étienne Menguy de l'île de Quemenes. Ils ont des agneaux magnifiques ! Quand on a la possibilité d'avoir des produits d'une si belle qualité, on ne se pose pas de questions, on y va et nous essayons de retranscrire l'île, de redonner les notes que l'on trouve quand on voyage sur cette île qui est juste en face de nous. Je suis aussi inspirée par les balades sur la côte, les longues promenades dans la ria, juste à côté. Nous y allons récolter un peu de salicorne, quelques coques et, forcément, cela nous donne des idées de recettes.
Qu'est-ce que le "bien manger" ?
Le bien manger, c'est très simple. Manger bien c'est manger local. Manger local, cela signifie qu'il n'y a pas de long transport, c'est rémunérer un acteur économique local, c'est discuter avec des passionnés, ce sont des produits qui ont de la couleur et du goût. Nous sommes dans un terroir tellement extraordinaire, ce serait dommage de s'en priver. Le bien manger c'est manger grâce à des agriculteurs, des éleveurs, des ostréiculteurs passionnés, des gens qui vivent leur métier, qui vivent leurs produits et qui vous vendent de l'amour.
Quel est votre coin favori en Finistère ?
J'aime beaucoup Morgat. C'est les Caraïbes à une heure d'ici.