"Manger local"
L'exploitation de Paul Canévet est située en plein coeur du Pays bigouden, à Plonéour-Lanvern, au lieu dit Penfrat-Coz. C'est là-bas qu'après une première vie comme agriculteur laitier, il a entrepris de remettre au goût du jour les céréales et graines oubliées.
Qui êtes-vous ?
Je suis ingénieur agricole à Plonéour-Lanvern. J’ai débuté mon exploitation laitière en 1998 pendant dix ans avant de la transformer en ferme céréalière. Depuis 2015, je suis également exclusivement en bio. Je cultive du sarrasin, du millet, du chanvre, en général des céréales sans gluten. Elles sont adaptées au climat finistérien et étaient traditionnellement cultivées ici, même si elles ont depuis été un peu oubliées.
Comment avez-vous réintégré localement ces céréales et graines ?
Pour le millet, il n’a pas été facile de trouver des graines localement. J’ai dû aller les chercher ailleurs. Dans les années 1800, le millet était très cultivé en Finistère. On ne mangeait pas de riz, ni de blé dur, on mangeait du millet. J’ai souhaité réintroduire cette graine oubliée car elle présente de nombreuses qualités nutritionnelles. Le chanvre a également été largement cultivé en Finistère. Certaines villes ont bâti leur réputation autour des graines de chanvre. L’huile de chanvre a de nombreuses vertus. Enfin, le sarrasin est largement importé, pourtant nous consommons beaucoup de sarrasin en Bretagne. J’essaye donc, à mon niveau, de réintroduire cette culture sur le territoire.
Que produisez-vous avec ces graines et ces céréales ?
Je fais bien sûr de la farine de chanvre, de sarrasin et de millet. Je fais également des graines décortiquées et des huiles.
Quel est l’intérêt du retour de ces graines oubliées ?
Pour manger local. Ces graines remplacent facilement le riz et la semoule de blé dur. De plus, elles poussent facilement ici. Quant au sarrasin, de nombreuses crêperies arborent une bigoudène sur leur devanture. Il y a donc du sens à cultiver et transformer le sarrasin en Pays bigouden. Puis, le millet, le sarrasin et le chanvre ne nécessitent pas d’utiliser des pesticides. Ce sont des graines très résistantes.
Pourquoi avoir choisi de passer en agriculture bio ?
La santé a été ma première motivation : pour protéger ma santé, celle de mes enfants, de mes proches. Puis, en faisant du bio, il y a une vraie reconnaissance de la part des clients, c’est beaucoup plus valorisant d’un point de vue personnel. Notamment les personnes intolérantes au gluten qui me remercient.
Comment distribuez-vous vos produits ?
Je distribue le blé noir auprès des crêperies et des boulangeries, le millet chez les boulangeries et les magasins bio, les huiles également auprès des magasins spécialisés. J’ai aussi des distributeurs automatiques qui me permettent de faire de la vente directe.
Quel est votre coin préféré en Finistère ?
Pont-Aven ! C’est vraiment le coin que j’adore !