"C'est important de former les jeunes et transmettre son savoir-faire"
Pierre-Yves Durand est maréchal-ferrant en Finistère depuis 2013.
Quel est votre parcours ?
Je suis dans les chevaux depuis que je suis tout petit. J’ai commencé à monter à cheval à 5 ans, puis à 11 ans j’ai eu mes chevaux chez mes parents et je me suis mis plus tard à l’endurance. Ensuite, je me suis orienté vers des études agricoles et j’ai obtenu un bac production animal. J’ai toujours souhaité travailler avec les chevaux mais je ne savais trop dans quel domaine, la maréchalerie m’avait toujours intrigué alors je me suis lancé ! J’ai tout de même terminé mes études agricoles pour avoir un diplôme, pour penser à l’après également car dans la maréchalerie, nous ne sommes pas à l’abri de l’accident et il faut garder en tête une éventuelle reconversion. À 21 ans, je suis donc parti en école de maréchalerie à Saint-Hilaire du Harcoët en Normandie pour trois ans de CAP. J’ai poursuivi avec un BTM, une année de spécialisation orthopédie, ça m’intéressait vraiment beaucoup. Aujourd’hui, les chevaux ont de plus en plus de valeur et sont de plus en plus performants alors on se doit de répondre aux demandes des clients et de s’adapter à chaque cheval. Durant ces années de formation, j’ai effectué mon apprentissage auprès de Maurice Legros, maréchal-ferrant installé à Moëlan-sur-Mer. Puis, je me suis installé à mon compte en 2019.
Le métier de maréchal-ferrant, qu’est-ce que c’est ?
Maréchal-ferrant, c’est un métier vieux de plus de 3000 ans qui est aujourd’hui inchangé. Même si nous bénéficions aujourd’hui des innovations de matériaux et de techniques, le but est le même protéger le pied du cheval, lui apporter le maximum de confort avec des fers en acier, ou encore en alu ou en plastique. À l’époque, on amenait le cheval au maréchal-ferrant forgeron. Aujourd’hui, les maréchaux sont itinérants. Notre atelier, c’est notre fourgon et nous nous déplaçons dans les campagnes, de clients en clients, chez les particuliers, comme chez les professionnels, les centres équestres ou les écuries de propriétaires. Chaque maréchal est libre de choisir son secteur, son type de clientèle. En Finistère, nous avons la chance d’avoir beaucoup de chevaux et nous ne sommes pas contraints d’avoir des secteurs trop étendus et de faire beaucoup de kilomètres. Pour ma part, je suis installé à Scaër et je couvre le secteur Finistère-Sud.
Combien de chevaux suivez-vous ?
Beaucoup, beaucoup ! Je ne saurais dire combien exactement ! Un cheval est ferré toutes les 6 à 8 semaines. Nous revoyons donc les mêmes chevaux 6, 7 fois par… Je constate quand même qu’il y a de plus en plus de chevaux en Finistère et c’est normal. Nous sommes une terre d’élevage, le climat est doux, il y a de l’herbe, les terrains sont bons.
Quel lien tissez-vous avec les chevaux que vous ferrez ?
On connaît bien souvent plus le cheval que son propriétaire. Nous, nous intervenons en semaine, quand les gens travaillent, les propriétaires ne sont pas présents lorsque je viens. Je ne les connais qu’à travers une facture (rires) ! Et les chevaux, on tisse des liens avec eux, bien sûr. Je passe en moyenne 45 minutes à une heure avec eux. On apprend à les connaître, ils sont comme nous, ils ont leur caractère, leurs humeurs. Certains sont moins coopératifs que d’autres, c’est à moi de m’adapter !
Après avoir été formé pendant 5 ans auprès de votre maître d’apprentissage, vous avez aujourd’hui également un apprenti à vos côtés. Cette transmission vous tient à cœur ?
Oui, c’est hyper-important de transmettre son savoir-faire et ses connaissances. Nous faisons un métier difficile et physique. Nous passons nos journées courbés sous les chevaux ! En moyenne, la carrière d’un maréchal-ferrant dure une dizaine d’années. C’est donc important de former les jeunes ! Sans compter que les apprentis nous aident et nous avancent dans le travail ! Pour l’apprenti, c’est un gain d’expérience pour la suite. Quand je me suis installé, nous étions 3 ou 4 à nous installer au même moment dans le secteur, aujourd’hui il ne reste plus que moi.
Quel est votre coin préféré en Finistère ?
Le Cap-Sizun, ma terre natale ! J’aime y retourner, la mer, les sentiers côtiers, le côté sauvage… On est tranquille là-bas !