Le chant des pierres
La Presqu'île de Crozon est tout simplement grandiose. On s'y rend le cœur léger et l'on en repart bouleversé par tant de beauté concentrée. Le paysage sculpté depuis des millions d'années sous les assauts du vent et des flots témoigne de l'histoire de la Terre aussi passionnante que mouvementée. Un patrimoine rare venu du fond des mers.
Un vaisseau de pierre
En Presqu'île de Crozon, une fois passé l'altier pont à haubans de Térénez, une fois franchi l'Aulne, la plus belle des routes pour parvenir en cette terre isolée, protégée, partie intégrante du Parc naturel régional d'Armorique, il s'agit de tendre l'oreille et d'écouter le chant des pierres. La presqu'île est un livre ouvert pour qui sait le décrypter. Chaque caillou, chaque pan de falaise, chaque fragment de roche effritée raconte un chapitre de l'histoire de la Terre.
“Schistes, grès, quartzites, un peu de calcaire et quelques roches magmatiques, tels sont les constituants majeurs du sous-sol presqu'îlien daté approximativement entre - 600 et - 355 millions d'années, commente Yves Cyrille, directeur de la Maison des minéraux de Crozon. La presqu'île est à l'image d'un vaisseau de pierre aux membrures structurées dans une longue et tumultueuse histoire géologique. Elle nous emporte pour un voyage hors échelle du temps humain…”.
Landes mauves et étendues sableuses
Pour aborder cette géodiversité remarquable, il faut longer les falaises, parcourir les plages, observer les plissements, les strates, les couleurs ; on peut même déchiffrer sans trop de peine les coups de boutoir de l'Atlantique répétés à même la roche. Ce pays unique de landes mauves et de longues étendues sableuses, de criques et de falaises, dont on ne cesse de louer à raison la beauté, a vu passer et accueilli, outre de talentueux géologues, de nombreux peintres, hommes de théâtre, écrivains et poètes inspirés par ce mélange de rudesse et de tendresse, d'âpreté et de douceur…
Le nom et la figure de l'illustre Saint-Pol-Roux sont ainsi, à jamais, liés à Camaret. Les ruines de son manoir de Coecilian en front de mer, face à Atlantique, témoignent de son passage et de sa présence lumineuse. “Le Magnifique incarnait la figure du poète absolu, flamboyant, celui qui, dans sa retraite, aimantait les visiteurs, relate l'écrivain Philippe Le Guillou originaire du Faou, épris de ces formidables “espaces offerts au vent, à tout ce qui arrive du large, d'iode, d'averse, de sel corrosif”, touché par “ce chant du monde, sa beauté, sa grandeur”.