"Les algues, c'est du bonheur pour les papilles"
Scarlette Le Corre est patron-pêcheur au Guilvinec, seule en mer, depuis 1983. Elle cultive également des algues en pleine mer depuis 1992.
Quelle est votre activité ?
C’est une activité de pêche en mer. Tous les matins, je pêche du poisson que je vends en direct sur les marchés. Ensuite, le midi ou l’après-midi, selon les marées, je récolte des algues que je transforme après en tartare, en tartinables. Puis, je transforme également mes poissons en rillettes ou en soupe… En marge de tout cela, j’anime des ateliers pour apprendre à utiliser les algues dans notre cuisine de tous les jours sans changer nos habitudes.
Pourquoi vouloir sensibiliser le public aux algues ?
Quand j’ai commencé à travailler les algues, je me suis rendue compte qu’elles étaient méconnues du grand public, que ce n’était pas quelque chose d’ancré dans nos mœurs. Or, si je voulais vendre ce que je produisais, je devais trouver un moyen de partager ma passion des algues, ces légumes de la mer, ces végétaux de la mer. C’est comme cela que j’ai commencé à faire des animations culinaires : pour apprendre à manger des algues. Les algues se mangent en toutes petites quantités, elles sont un exhausteur de goût. C’est la finition d’un plat, c’est du bonheur pour les papilles, elles réveillent les goûts et les saveurs. L’aliment que l’on cuisine s’en retrouve bonifié ! On ne peut pas passer à côté de quelque chose d’aussi extraordinaire !
Les algues, c’est aussi forcément la Bretagne…
En Finistère-Sud, nous avons 823 espèces répertoriées. En Nord-Finistère, il y en a 850. Mais pour autant, tout le monde consomme des algues sans le savoir. On en trouve, en tant que conservateur ou gélifiant, dans tous les produits transformés, dans le dentifrice également. Il y a deux types d’algues, l’algue travaillée de façon industrielle et l’algue que l’on va manger en tant que légume ou comme assaisonnement. Il ne faut pas dépasser une cuillère soupe, un tout petit peu d’algue suffit pour relever un plat.
Comment est née cette passion pour les algues ?
J’ai eu un grave problème de santé lorsque j’avais 30 ans, dû à la consommation de produits laitiers de vache. J’ai développé une maladie, la polyarthrite inflammatoire. J’ai supprimé tous les produits laitiers pour les remplacer par des algues. Au-delà de ça, mes parents étaient goémoniers. C’est ainsi que j’ai découvert les algues. Moi, j’ai développé les algues sur un marché de niche, avec des produits hauts de gamme mais à la portée de tous. De manière à partager ma passion et tout ce que ça m’a apporté personnellement.
Quelle est la réaction du public à la découverte des algues ?
Les personnes qui franchissent ma porte ont déjà derrière eux un chemin personnel. Ce sont des gens qui souhaitent manger mieux, qui souhaitent des aliments plus sains, qui aspirent à un confort de vie et un bien-être. Ce sont souvent des personnes qui ont eu des problèmes de santé ou qui ont autour d’eux des personnes malades. Ils comprennent progressivement que leur mode de vie et leur alimentation y est pour quelque chose. Moi, je ne fais souvent que confirmer ce qu’ils savent déjà. Une personne qui participe à un de mes ateliers est une personne cliente à vie. Je vais la retrouver à la boutique, à des ateliers, sur des salons ou via des commandes sur la boutique en ligne. Mais, attention, les gens mangent des algues car ils aiment cela, par plaisir, pas pour se soigner.
Qu’est-ce que le bien manger pour vous ?
Bien manger, c’est pour moi une évidence. Ici, en Finistère, nous avons des marchés de produits frais, des producteurs locaux, les produits de la mer, les coquillages, etc. Ici, nous pouvons manger superbement bien, équilibré et sans que ça ne coûte plus cher. Pour moi, l’essentiel c’est la mer. Manger des produits issus de la mer, cela nous régénère, nous donne une force, une puissance et un confort de vie. Quand j’ai commencé à consommer des algues, j’ai rajeuni de 20 ans ! La mer nourricière, c’est pour moi une évidence. Depuis que je suis née, tout ce que j’ai, c’est la mer qui me l’a donné.
Quel est votre endroit préféré en Finistère ?
La mer ! Rien de tel pour se ressourcer que de s’asseoir au bord de l’eau et de regarder la mer.