"Le cheval réveille notre part émotionnelle"
Après une première vie professionnelle en région parisienne, Sophie Beziau a trouvé son équilibre entre Plozévet et Plogonnec, aux côtés de sa partenaire, Kiwi. Depuis septembre 2020, cette ancienne cadre chez Danone soigne les maux avec les chevaux. Praticienne en équithérapie, elle propose un accompagnement par le cheval pour parvenir à se retrouver et à lâcher prise.
Quel est votre parcours ?
Avant de devenir équithérapeute, j’ai eu une première vie professionnelle radicalement différente. Originaire d’Auvergne, j’ai débuté dans le monde du travail dans un laboratoire pharmaceutique en région parisienne comme assistante administrative. Cette parenthèse parisienne a duré 25 ans ! J’ai exercé dans une quinzaine de boîtes parmi lesquelles Walt Disney Company et Universal Studio, puis Danone où je suis restée 16 ans. J’y occupais un poste de responsable d’une base logistique de produits frais. Un poste de management, très concret. Au fil du temps, j’ai compris que mon travail ne correspondait plus à mes valeurs. J’ai quitté l’entreprise en mai 2018. C’est à ce moment-là que j’ai dû réfléchir à la suite, à ma reconversion, accompagnée par un cabinet de consultant. Aux questions « Qu’est-ce qui vous motive ? Qu’est-ce qui vous fait vibrer ? ». Ma réponse était : « Les chevaux ». Une passion mise de côté, la région parisienne n’étant pas vraiment propice à cela… C’est ainsi que les chevaux sont revenus à la surface dans mon esprit. À la suite de cela, j’ai rencontré une équithérapeute, en tant que consultante. J’étais en perte de repères, j’avais besoin de me retrouver et de découvrir qui j’étais. Puis, au fur et à mesure de ces consultations, il m’est apparu comme une évidence que c’était le métier que je voulais exercer. J’ai donc été formée pendant un an par cette équithérapeute, Fabienne Villagrasa, ce qui m’a permis de pouvoir m’installer à mon tour.
Pourquoi avez-vous choisi de vous installer en Finistère ?
À la fin de ma formation, la question du lieu d’installation de mon activité s’est posée. Mon autre rêve d’enfance, c’était le bord de mer. J’ai entamé mes recherches pendant le premier confinement, ce qui était loin d’être facile car nous ne pouvions pas sortir ! Et, finalement, j’ai trouvé la maison de mes rêves à Plozévet en août 2020. L’objectif était ensuite de trouver où installer mon activité dans un périmètre raisonnable par rapport à ma maison. Je suis partie à la rencontre des centres équestres et des pensions du secteur pour me présenter et faire connaître mon projet. J’ai à ce moment-là rencontré les gérants du Domaine de Kerolivier, à Plogonnec, et ça a « matché » ! Nous partageons la même philosophie, les mêmes valeurs, c’était une évidence !
L’équithérapie, qu’est-ce que c’est ?
Dans « équithérapie », il y a le mot « thérapie ». L’équithérapie est une méthode d’accompagnement par le cheval. Sa présence n’est toutefois pas obligatoire à chaque séance, c’est en fonction de ce que l’on souhaite travailler avec le consultant. Ce dernier arrive en séance avec une demande qui va constituer le fil rouge du travail. L’idée est d’amener la personne d’un point A à un point B. L’équithérapie est fondée sur l’expérimentation, on ne s’adresse pas au mental mais à l’expérimentation corporelle et émotionnelle : « Que ressens-tu dans ton corps ? Décris-moi tes sensations corporelles, décris-moi tes émotions… ». Nous sommes dans le vivant et le présent. C’est là où le cheval est un partenaire extraordinaire car lui vit totalement dans le moment présent, il est en constante adaptation au moment présent. Cela amène une sorte de miroir, comme un catalyseur, qui vient « piquer » là où cela est nécessaire.
Avec le cheval, on ne perd pas de temps en discours, à tourner autour du plat. Les chevaux sont toujours très justes dans ce qu’ils peuvent renvoyer comme message. Notamment, grâce à leur grande sensibilité à la cohérence et l’incohérence de la personne. Cela demande un réel engagement de la part du consultant.
Durant les séances, je propose des exercices à travers lesquels le consultant expérimente comment gérer la difficulté qui l’a menée ici. L’objectif est de retrouver les ressources que nous avons tous en nous mais qui, pour certains, sont enfouies, pour pouvoir retrouver son autonomie et sa liberté. Parvenir à laisser tomber tous nos masques sociaux derrière lesquels on se sent valorisés et retrouver qui nous sommes vraiment, quelles sont nos valeurs et nos besoins. Je vois parfois arriver des consultants voutés, refermés sur eux-mêmes et qui, au contact du cheval, se redressent, s’ouvrent retrouvent l’œil qui pétille. C’est magnifique !
Pourquoi le cheval comme thérapeute, plutôt qu’un autre animal ?
Le cheval touche l’humain, il ne laisse pas indifférent, ne serait-ce que par sa présence énergétique et son authenticité. Nous avons tous en nous une représentation du cheval : on l’adore, on peut en avoir peur, il peut impressionner par sa taille… Le cheval réveille notre part émotionnelle. Face à un autre humain, on se parle, on échange mais on ne s’adresse qu’au mental. Le cheval aime l’autonomie, ça le rassure, ça le met en confiance. Quelqu’un qui ne sait pas ce qu’il veut, qui hésite, qui zigzague, le cheval ne va pas aimer… Il a besoin d’un cadre et le consultant va devoir parvenir à le rassurer. La relation homme-cheval, ce n’est pas de la domination-soumission. Avec le rapport de force, on n’arrive à rien avec un cheval. La clef, c’est le partenariat homme-cheval.
Auprès de qui intervenez-vous ?
Je rencontre principalement des adolescents et des adultes. Des personnes qui peuvent souffrir d’addictions, des personnes déprimées, angoissées… Ce sont des gens qui ont pour la plupart déjà un parcours psy derrière eux. Puis, généralement ce sont des personnes qui sont très nature, qui aiment être dehors.
Quel lien tissez-vous avec votre jument, qui vous accompagne lors des séances d’équithérapie ?
J’ai rencontré ma jument en mai 2019. Elle s’appelle Kiwi, c’est une jument de race « curly straight ». À l’époque, je cherchais à la fois une jument pour moi mais aussi bien sûr une partenaire pour travailler. Ça a été le coup de cœur ! Kiwi est ma partenaire. Elle est un membre de ma famille, nous sommes un binôme. J’ai la chance que ma jument m’apprenne beaucoup de choses sur moi-même et sur elle aussi.
Je trouve cela extrêmement touchant que cet animal m’autorise à faire plein de choses avec elle. C’est du plaisir partagé. Avec le cheval, la notion de consentement est très importante pour moi. Si Kiwi est de mauvais poil, je respecte, si elle n’est pas disponible pour un consultant, nous allons voir un autre cheval du domaine.
Quel est votre coin préféré en Finistère ?
Chez moi, à Plozévet. À deux pas du GR34, face à l’océan. On y trouve des odeurs et des couleurs extraordinaires ! J’aime descendre à pied jusque Pors Poulhan et m’arrêter à la terrasse du petit bar, les Côtiers. Puis, ici, au Domaine de Kerolivier, bien sûr ! Nous y sommes très bien, avec Kiwi !