Comme sous les tropiques...
Notre voilier au mouillage dans l’Aber Benoit à Saint-Pabu, « la perle des abers », nous revenons d’une longue découverte à pied, par le sentier GR34, du littoral et des paysages peu communs de cet Aber qui serpente au milieu des champs et de paysages boisés. Notre parcours nous a révélé des maisons typiques, du petit patrimoine, lavoirs, croix, et des vestiges de l’activité goémonière, la récolte des algues marines.… Nous avons profité d’une pause bien méritée pour goûter la « nacre des abers », cette huitre réputée aux arômes intenses de noisette et d’iode. Il est temps de rejoindre notre abri d’une nuit, un véritable havre de quiétude où il a fait bon passer de douces heures.
Couleurs tropicales
Nous embarquons et faisons cap sur l’Aber Wrac’h. Nous sommes à l’abri dans l’estuaire et admirons la variété des paysages. Après les paysages verdoyants et boisés, nous remontons vers la mer et sa côte sauvage. Parvenus à l’embouchure, celle-ci offre un véritable festival de couleurs dignes des mers tropicales avec toute une palette de nuances de bleu. Nous longeons d’abord les dunes de Sainte-Marguerite, qui offrent un paysage naturel exceptionnel avec des kilomètres de plages de sable blanc et des cordons dunaires plantés d’oyats pour fixer le sable.
En nous approchant de l’Aber Wrac’h, nous apercevons l’île du fort Cézon dont les fortifications ont été construites par Vauban puis transformées au fil des siècles. Ce fort militaire a d’abord eu pour objectif d’abriter les navires de commerce et de guerre et de prévenir un éventuel débarquement d’ennemis. Pendant la seconde guerre mondiale, des bunkers ont été ajoutés dans le terrassement des remparts. De la mer, la tour du fort domine et les remparts sont bien visibles sur le massif rocheux.
Nous terminons notre journée en parvenant au port de l’Aber Wrac’h, un port bien abrité et aux eaux profondes, au cœur d'un site naturel à la beauté préservée, que l’on appelait autrefois "le havre de la Palud". Jadis,150 bateaux venaient y débarquer sardines et maquereaux. Aujourd’hui, le port de plaisance avec ses nombreuses places visiteurs et restaurants constitue une escale incontournable.
Le lendemain matin, nous partons à la découverte du port et des alentours jusqu’au sémaphore de l’Aber Wrac’h construit en 1861. Autrefois, il assurait la surveillance de la communication pour les bateaux croisant au large en alternance avec le phare de l’île Vierge qui, en s’allumant, prenait le relais. Aujourd’hui, le sémaphore est devenu un lieu d’expositions et de conférences culturelles et offre un panorama à couper le souffle sur l’Aber. Nous ne repartons pas sans passer par une boutique où il est possible à la fois de déguster les thés de l’Aber sur la terrasse et d’acheter des produits locaux comme le miel des dunes de Landéda et autres douceurs salées ou sucrées locales.
Cap sur l'île de Stagadon
Nous rejoignons notre bateau et nous quittons l’Aber pour l’île de Stagadon ou Enez Stagadenn en breton. Cette île, quatre hectares émergés au milieu des rochers, appartient à l’archipel des îles de Lilia. Nous faisons halte à ce joli mouillage. Côté plages de sable fin, baignées d’eaux de couleur turquoise, c’est une côte douce où la mer prend des apparences tropicales, et face au large elle offre un aspect beaucoup plus sauvage. Stagadon, c'est comme la Guadeloupe ! On peut s'amuser à chercher les phoques sur les rochers et passer quelques jours dans le refuge géré par l’AJD, l'association du Père Jaouen, prêtre jésuite français et figure emblématique de la réinsertion et du monde de la mer. L’aire de pique-nique nous permet de goûter au grand air les produits achetés plus tôt.
Au matin, nous repartons naviguer au pied de l’île Vierge à bord de notre voilier. Au loin, le majestueux phare de l’île domine. Ce phare construit à la fin du XIXe siècle en Kersantite, granit du pays, est « le plus haut d’Europe en pierre de taille » : Il faut gravir 397 marches pour profiter en haut d’une vue époustouflante de Batz à Ouessant !
Nous faisons escale au Corréjou pour rendre visite aux descendants de goémoniers ou pêcheurs qui récoltent des algues de plus de 1500 variétés différentes, pour nourrir les animaux, amender les sols ou pour être les utiliser en cuisine. La récolte est réglementée et s’inscrit dans une démarche de protection et de préservation de l’environnement côtier.
Des roches sculptées par les vagues et les vents
Nous reprenons notre parcours pour parvenir à notre dernière étape, Plounéour-Brignogan-Plages.
Ce lieu est une anse bien abritée derrière de gigantesques rochers sculptés par les vents, la mer et le temps et dans lesquels on peut voir, selon son imagination, les contours d’un crapaud, d’un chameau ou encore d’un éléphant... Demain, nous emprunterons le sentier côté terre entre buissons de joncs, petits murs de pierre, rochers et dunes. Nous ne manquerons pas de nous rendre au plus près du phare de Pontusval pour l’admirer et pour nous laisser éblouir par le paysage de la côte !