S'élancer vers la mer
Le cairn de Barnenez, vieux de six mille ans, veille sur la baie de Morlaix et les hôtes nombreux qui la peuplent. Navigateurs, pêcheurs, ostréiculteurs, oiseaux migrateurs… On tourne dos à la terre et on s'élance vers la mer, vers l'horizon, les yeux grands ouverts. Il y a tant à voir.
D'île en île
Depuis l'école de voile du Château du Taureau, fermée en 1980, nombreux sont les centres nautiques à avoir essaimé sur les rives de la baie de Morlaix qui en porte chaque jour le témoignage par le nombre de voiles qui l'égaient. Des régatiers de renom y ont tiré leurs premiers bords en dériveur et la baie a depuis acquis une aura que beaucoup de sites pourraient lui envier. Alors ils sont nombreux à prendre le large, à oser s'aventurer sur leur frêle esquif, de l'île Callot à l'île Louët, du château du Taureau aux parages de l'île aux Dames sans oublier l'île Noire. Des noms, des lieux, qui portent en eux tant de mystères et d'histoires, de trésors peut-être aussi, et l'on imagine sans peine les figures d'armateurs et de corsaires, de goémoniers, de pêcheurs et d'aventuriers “qui avaient rêvé devant l'horizon vide, comme le relate joliment l'écrivain Michel Le Bris, avant de s'en aller, aux quatre coins du monde, à la poursuite de leurs chimères”.
Michel Le Bris, le créateur du festival Étonnants Voyageurs à Saint-Malo, admirateur de Stevenson, est né ici à Plougasnou. Son livre Un hiver en Bretagne est un cri d'amour lancé à la baie qui l'a bercé lui et les émerveillements de son enfance : “Un long frisson parcourt l'étendue, et tout explose, s'embrase, dans un chatoiement incroyable de couleurs - rien que la fraîcheur d'un matin clair dans la baie de Morlaix, et j'aurais juré pourtant qu'en cet instant-là, précisément, c'était l'univers entier qui s'offrait à moi, pour la première fois. Presque rien, vous dis-je : toute la beauté du monde.”
Poste d'observation
La pointe de Penn-al-Lann à Carantec, face à l'île Louët et au château du Taureau, serait l'un des observatoires les plus recherchés car offrant une vue la plus large possible sur le large et ce paysage maritime hérissé de balises, de tourelles et de phares mais aussi de parcs ostréicoles. La production annuelle en huîtres creuses de la baie atteindrait les cinq mille tonnes par an, ce qui la positionne comme le premier site de production en Finistère.
La baie, ce sont aussi ces milliers d'oiseaux qui la peuplent en grand nombre l'hiver venu et qui sont pour certains sous haute protection de la part de l'association Bretagne Vivante. Courlis, huîtriers, grèbes huppés, bécasseaux variables … Jumelles autour du cou, les amateurs d'ornithologie seront ravis. Peut-être rencontreront-ils au hasard de leurs observations également les phoques gris qui ont élu refuge dans la baie ?