Rencontre avec Thomas Mazurié créateur artisanal de vélos en bambou made in Brest
Ingénieur de formation, le Brestois Thomas Mazurié s'est lancé, il y a six ans, dans la fabrication de vélos en bambou. “L'écologie, c'est ma valeur première, c'est un moteur et c'est un guide dans ma vie.”
Comment vous est venue cette idée originale de vous lancer dans la fabrication de vélos en bambou ?
L'idée première, c'était de fabriquer un vélo. J'ai une fibre très écolo, c'est un moteur très important dans ma vie, et j'ai songé à fabriquer un vélo en bois. Mais quand j'ai regardé de plus près, je me suis rendu compte que le bois c'est très compliqué, et que l'on pouvait acheter des kits de vélo en bambou à faire chez soi. Ce n'était pas si facile mais cela m'a permis de démarrer. Il faut prendre en compte à la fois le bambou, la géométrie du vélo, les composants divers en métal, la commercialisation… Il était préférable d'avancer par étapes. Pendant six mois, je construisais des vélos, le soir, le matin, le week-end, et, le reste du temps, je travaillais à Vélozen, le leader du vélo électrique à Brest. Depuis trois ans et demi, je suis à mon compte.
Où vous approvisionnez-vous ?
La difficulté majeure, c'est qu'il y a peu de fournisseurs. Une partie du boulot consiste donc à trouver les bambous et à les faire sécher. En outre, je me suis imposé comme contrainte d'utiliser du bambou breton. À l'époque, il y avait un projet qui s'appelait Bambou Breizh en forêt de Landerneau. Le projet ne s'est pas fait, mais j'ai accès à cette bambouseraie, je récolte le bambou, je le fais sécher et je le calibre moi-même. C'est extrêmement contraignant et ce n'est pas évident de suivre l'âge du chaume. Avec les années, je commence à être plus expérimenté, à avoir des repères, à gagner en sérénité.
Quelles sont les qualités du bambou, ses propriétés intrinsèques ?
Je ne suis pas expert dans ce domaine. Mais ce qui est certain, c'est que le bambou est très résistant à la rupture, il peut plier, mais, comme le roseau, il ne va pas casser. Il absorbe les vibrations, ce qui rend le vélo très confortable. En revanche, il faut prendre garde à un excès de souplesse en latéral. Il faut trouver le bon compromis. Le poids est comparable à un cadre en aluminium. Je ne m'adresse pas à une clientèle de sportifs de haut niveau, je ne cherche pas à fabriquer des vélos de course ultra légers, mais plutôt des vélos de tous les jours. Mes clients ce sont des personnes qui vont à vélo au travail. Ce sont les critères de solidité et de robustesse qui priment.
Vous proposez également des stages d'auto-construction qui semblent avoir un certain succès.
Tout à fait. C'est dans l'air du temps ! Il faut savoir que la conception d'un vélo va bien au delà de l'assemblage. L'achat d'une bicyclette en bambou est motivé par l'esthétique et par l'écologie. On touche une clientèle attachée aux valeurs de protection de l'environnement. À la fin du stage, ils repartent avec leur vélo.
Outre la fabrication de vélos et la proposition de stages d'auto-construction, vous avez ouvert récemment un atelier de réparation au 173 rue Jean Jaurès à Brest, Les vélos brestois.
En effet, c'est un petit atelier de centre-ville de 35 mètres carrés. Les gens me déposent leur bicyclette et je la leur rends une heure plus tard. La réalité, c'est que je m'adresse aux personnes comme moi qui n'ont pas de voiture et qui ne peuvent se passer de leur vélo bien longtemps.