Entretien avec Catherine Merdy-Goasdoué

Une vie dédiée à la crêpe

Experte et formatrice en crêperie depuis trente-cinq ans, Catherine Merdy-Goasdoué, originaire de Landerneau, est l’auteur du livre Les crêpes, l’art, la manière publié aux éditions J’apprends la crêpe. Destiné aux férus de bonne chère, aux poètes du fourneau et autres gourmands curieux, il a été récemment élu meilleur livre culinaire de France aux Gourmands Awards.

D’où tire son origine cette passion, qui est la vôtre, pour la crêpe ?

La naissance de ma passion vient de l’enfance. À l’époque, le jeudi on n’avait pas école, et ce qui m’intéressait c’était de confectionner des pâtisseries avec ma mère plutôt que de jouer à la poupée… Puis, un peu plus grande, je me suis mise à cuisiner avec mon père. Mon père qui était scaphandrier rapportait des coquilles Saint-Jacques et de nombreux produits de la mer. J’adore les travailler et j’ai écrit plusieurs recettes qui les mettent à l’honneur.

Ma mère et mes deux grand-mères faisaient des crêpes. Quand on allait à la ferme, j’allais à l’étable chercher le lait, j’élaborais la pâte avec ma grand-mère qui préparait les crêpes dans la cheminée. Tout cela sentait bon ! Je souhaitais entrer à l’école hôtelière mais mes parents n’ont pas voulu. Ce n’était pas, d’après eux, un métier de femme. J’ai passé mon bac et puis, petit à petit, j’ai construit ma carrière, j’ai expérimenté, développé et affiné mon apprentissage.

Pourquoi cette attirance envers la cuisine ?

Très jeune je trouvais cela très ludique. La première fois où j’ai monté des blancs en neige, j’ai trouvé cela magique de pouvoir faire de la neige avec des blancs d’œufs. C’est vrai que la transformation, la créativité, tous les sens réunis, m’ont parlé. J’aurais pu être peintre et faire des tableaux, mais j’ai choisi la cuisine parce que je suis gourmande, parce que c’est synonyme de partage. Mes parents, quand ils cuisinaient, préparaient toujours des quantités pour six ou sept personnes alors que nous étions cinq à table, mais il peut toujours y avoir quelqu’un de passage qui restera dîner. La générosité, le partage m’ont été transmis par mes parents.

La crêpe, j’ai trouvé cela immédiatement très créatif. Ma mère était couturière. J’ai fait de la couture avec elle… Une crêpe c’est comme un bout de tissu, on peut la figer, la couper, la tailler, en faire des pliages. Et cela m’a beaucoup inspirée.

Après avoir écrit un premier ouvrage en 1994, Le Livre des crêpes, primé par l’Académie nationale de cuisine, vous vous lancez dans la réalisation d’un second livre, Les crêpes, l’art, la manière, récompensé par les Gourmands Awards. Que souhaitiez-vous partager ?

Le second ouvrage est né de l’envie d’écrire à nouveau. Ce que j’ai voulu transmettre, ce sont les fondamentaux, les b.a-ba. Je me mets à la place des lecteurs, ils ont là une multitude de renseignements d’une professionnelle destinés aussi bien au particulier qu’à celui qui démarre dans la profession. J’exprime ainsi l’amour que j’ai pour ce métier. Toujours animée par l’envie de susciter de nouvelles vocations.

Que ce soit à travers les livres que vous avez écrits, à travers les crêperies que vous avez animées, la transmission vous tient à cœur. L’école que vous avez fondée en est également une formidable illustration.

Mon laboratoire-école “J’apprends la crêpe” ouvre à Kerlouan, non loin de Menez-Ham, en mars prochain. J’accueille des personnes qui viennent de Bretagne et du monde entier, je peux loger sur place. Je propose des séances à la demi-journée pour le particulier, plusieurs jours pour un professionnel. Je me déplace également pour de l’ingénierie en crêperie, de l’accompagnement lors de la création d’entreprise. Il y a quinze jours j’étais à Cannes pour l’aménagement d’une crêperie, la conception, le matériel et la formation. Depuis quelques mois, j'anime également des "Masterclass" crêpe aux États-Unis. Le livre traduit en anglais "The Art of Crêpes" est notre support de cours.

Mon leitmotiv, ma mission, c’est de partager le vrai savoir-faire de la crêpe bretonne. Il y a plusieurs façons de faire. Mais il demeure néanmoins des incontournables pour sortir un bon produit. C’est notre patrimoine. C’est un réel savoir-faire qui mérite ses lettres de noblesse au sein de la gastronomie française. Désormais je me concentre sur la transmission par l’école. J’ai de l’expérience et de l’expertise dans la transmission de ce métier, donc aujourd’hui j’estime que ma place est ici.

Infos pratiques

J’apprends la crêpe est un centre de formation et une maison d’édition.

Site web

Infos pratiques

J’apprends la crêpe est un centre de formation et une maison d’édition.

Site web

Ne manquez pas...

Chargement
Plus de résultats Plus de résultats