Éric Defert

"Au-delà du travail, on partage tous la même chose : l'amour de l'océan"

Éric Defert est navigateur de course au large. En 2019, c'était sa première participation au Tour du Finistère à la Voile, sur mer pour la course et sur terre pour sensibiliser au projet Iodysseus. Il nous en dit plus sur ce programme scientifique autour des océans.

Quel est votre parcours ?

Au départ, c'est la course au large : la filière Mini transat, Figaro, puis Class40, Multi 50, avec des participations à la Route du Rhum, Transat Jacques Vabre, un record de l'Atlantique nord en Class40 New York - Cap Lizard... Ensuite j'ai eu l'envie de vivre autre chose, d'être un peu plus dans le partage de l'expérience. J'ai donc créé une structure, Océan Addict en Finistère, et puis aujourd'hui le programme Iodysseus, via une rencontre avec un biologiste.

Quelle est la genèse de ce projet Iodysseus ?

En 2013, on faisait une opération avec Océanopolis en rade de Brest et là, je rencontre Pierre Mollo. C'est un biologiste marin, convaincu de l'importance du plancton. Il m'a fait découvrir que je naviguais depuis 15 ou 20 ans sur un océan sans avoir eu la curiosité d'aller voir un peu plus loin, juste en surface. Il m'a expliqué qu'il y avait de la chlorophylle, des algues qui faisaient de la photosynthèse, des petits organismes qui peuplaient cet océan, que j'en avais certainement mangé, respiré dans ma vie... Ça m'a un peu ouvert les yeux et je me suis dit : il faut aller plus loin.

Aujourd'hui, qu'est-ce que le programme Iodysseus ?

On utilise des bateaux de course à la voile qui sont déjà existants soit pour des expéditions scientifiques, soit pour apporter au grand public la connaissance que l'on développe pendant les expéditions. Sur le Tourduf, on a sensibilisé le grand public, les gens qui viennent sur le village et les gens qui naviguent, à l'importance d'un océan durable, au plancton. La plupart des gens ne savent pas que l'océan contient de la chlorophylle et agit au même titre que les forêts.

Vous récoltez des échantillons pendant les courses et vous les faites analyser ?

Exactement. Les communautés scientifiques, principalement, déterminent les sujets d'étude. Une partie des échantillons est récoltée pendant les expéditions et une partie pendant les courses. Dans ces cas-la, le volume est moins important car nous recherchons également la performance dans la navigation.  

Ces données sont ensuite traitées en laboratoire. En Finistère, nous travaillons avec Roscoff. À une échelle plus grande, on travaille avec l'université de Clermont-Auvergne, qui travaille également sur le plancton aérien.

La particularité d'Iodysséus, c'est que l'on a voulu dès le début travailler pour les sciences appliquées. Aujourd'hui et demain, de nombreux éléments venus de l'océan se retrouvent dans l'alimentation, les cosmétiques, l'énergie... On travaille avec des sociétés comme Polymaris (région brestoise), Synova (Sud-Finistère), puis à une échelle bretonne, CODIF technologie naturelle. On recueille de la donnée brute pour ces entreprises.

Course au large, Océan Addict, projet Iodysseus : cela implique une forte volonté d'entreprendre...

Effectivement, il faut créer des structures, réfléchir au modèle juridique, à ce que l'on va faire. Au début, on part avec rien, très peu d'argent. Ce sont aussi des aventures humaines assez incroyables. On s'ouvre à d'autres milieux, comme le milieu scientifique, alors qu'en général, les marins et les scientifiques se croisent peu. C'est passionnant parce qu'on est amené à voir autre chose, rencontrer d'autres personnes.

C'est une façon de s'enrichir mutuellement ?

Oui, exactement. On leur ouvre notre porte, ils nous rencontrent et on crée des liens. Des scientifiques sont venus sur le village du Tour du Finistère à la Voile alors qu'en temps normal, ils ne seraient pas venus. Au-delà du travail, on partage tous la même chose : l'amour de l'océan.

Comment êtes-vous arrivé en Finistère ?

Je ne suis pas finistérien d'origine. Je suis né à Tours, puis j'ai vécu dans le sud de Paris. Je suis arrivé à Lesconil en 1999 et je suis tombé amoureux du Pays bigouden. Dans les années 2000, j'ai commencé à vivre un peu à Brest. Aujourd'hui, mon temps est partagé entre le Pays bigouden et Brest parce que mes projets professionnels sont à Brest.

Comment définiriez-vous le Finistère ?

C'est brut. C'est nature. C'est beau. Il y a plusieurs saisons dans une journée ! Il n'y a pas trop de monde non plus. Je ne suis pas un grand amateur de foule, et ici, il est facile de se retrouver sur une plage avec 10 personnes même au mois de juin. Quand on fait le Tour du Finistère à la Voile, on passe dans des endroits merveilleux, c'est magique... Il y a une telle diversité de paysages, de richesses naturelles...

C'était votre première participation au Tour du Finistère...

J'avais déjà envie de le faire depuis plusieurs années parce qu'il s'est souvent arrêté à Lesconil et j'avais des copains qui y avaient participé. En 2019, avec le Crédit agricole du Finistère, on avait envie de faire quelque chose et c'est ainsi qu'on s'est engagé dans la course avec un bateau, Iodysséus, et un stand où on vient expliquer au public le rôle du plancton.

  

En mer, on donne le meilleur de nous ! On a toute la communauté scientifique qui vient aussi à bord et nous deux, et qui vont tourner un peu pendant le Tourduf. On cherche à amener la communauté scientifique à  voir ce qu'est la régate, partir à 60 / 70 bateaux et se confronter aux autres.

Quel est votre coin préféré en Finistère ?

J'ai plein de coins préférés ! Je pense que Pen Hir est l'un des coins les plus fabuleux. Être au mouillage à Pen Hir en voilier, au pied des falaises... la plage est vraiment magnifique aussi, le mouillage est hyper abrité ; c'est mon coin coup de cœur en ce moment, où je vais me réfugier.

Pastille ambassadeur

Infos pratiques

Retrouvez toutes les informations sur le projet et suivez l'actualité du programme Iodysséus sur leur site www.iodysseus.org.

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