Amateur de houle, de rimes et de houblon
Champion du monde de planche à voile, cofondateur en 2006 de l’entreprise de textile Hoalen, Gérald Pelleau s’est lancé en 2017 dans une nouvelle aventure, la production d’une bière artisanale et biologique. Elle se nomme Poèm et a conquis déjà bien des palais sur le port de Brest et au-delà.
Après avoir été athlète de haut niveau, cofondateur d'une marque de surfwear, il y a trois ans vous vous lancez dans la création d’une bière. En quelques mots pourriez-vous nous retracer votre parcours qui conduit à ce nouveau défi ?
Après avoir suivi la section sport-études en planche à voile au lycée de Kérichen à Brest, pendant six ans je n’ai fait que de la compétition. J’ai ensuite repris des études à l'université Rennes 2, il s’agissait d’un cursus dédié aux athlètes de haut niveau, une maîtrise en gestion, administration des entreprises et management. J'ai effectué mon stage chez l'un de mes sponsors de l’époque basé à Brest. J’y suis finalement resté huit ans jusqu’au moment où ils ont décidé de délocaliser. J’ai alors pris une année sabbatique et c’est à ce moment-là que j'ai rencontré Éric Cantineau. En 2006, nous lançons ensemble, avec sa compagne Virginie Cantineau, la société Hoalen, une marque inspirée par les sports nautiques et de glisse, à Plouguerneau. Après douze années à leurs côtés, j'ai eu l'envie d'un nouveau challenge. J'ai pensé à la bière, un produit toujours présent lors des diverses fêtes et rassemblements. J'ai pensé à la bière, un produit toujours présent lors des diverses fêtes et autres rassemblements, et j'ai alors pris le risque de quitter Hoalen, tout en initiant un crowdfunding. J'avais déjà rencontré, à Saint-Pol-de-Léon, Jesse, le brasseur. Originaire du Canada, Jesse, ancien chef cuisinier, doté d'une expérience redoutable, devient alors le maître brasseur de Poèm, notre bière artisanale et biologique. Fin 2017, nous lançons la marque au Salon nautique international de Paris afin de tester le marché au niveau national et valider le concept.
“Poèm, une bière pour les gens de mer mais pas seulement”, telle est l'une de vos devises. Parmi toutes les micro-brasseries qui émergent, comment parvenir à se distinguer ?
On compte en effet environ 1500 brasseries en France. Nous avons souhaité une bière qui soit locale mais qui se différencie certes aussi, c'était cela l'idée de fond et c'est pour cette raison que le projet tient la route. On essaie de se fournir en matières premières très localement. Tout est certifié bio. Jesse a un parcours impressionnant en tant que chef cuisinier durant quarante ans au Canada et aux USA, il a un palais incroyable. On n'est pas parfait mais on tend à aller vers des réflexes, des méthodes plus éco-responsables. Il se trouve que toute l'équipe va souvent en mer. Jesse est un surfeur, Nicolas un bon navigateur. C'est aussi cette passion pour le grand large qui nous rassemble. Ce que j'ai pu constater avec plaisir, c'est que le milieu des brasseurs est très solidaire, comparable en cela au milieu maritime.
Pourquoi s'installer à Brest ?
Je suis très attaché à Brest, j'y suis né. C'est une ville ultra maritime où l'on pratique la voile, le surf… Tous les métiers de la mer, des activités portuaires à la recherche, sont représentés à Brest. Symboliquement c'est une ville qui est géniale pour cela. Nous avons déniché sur le port, non loin d'Océanopolis, non loin du polder réaménagé, un site qui offre de la surface pour brasser et un accès au public. L'un de mes grands-pères était lamaneur à Brest. En quelque sorte, on est un peu le lamaneur dans le domaine de la bière, on tisse un lien entre la terre et la mer. Vous buvez une bière, composée d'eau, d'orge, de houblon, et de levure, et vous retrouvez des histoires maritimes au comptoir du bar.
Le projet est né en 2017, et le site a ouvert ses portes au public en juillet 2018. Vous avez fêté vos deux ans cet été mais également quelques jolies récompenses.
Jesse, le brasseur, a une vraie patte. Il a des pépites dans les mains ou plutôt dans le palais ! Dans la bière, il y a des tendances, tout ce qui est fortement houblonné est en vogue en ce moment. Nous nous situons davantage sur une bière plus en finesse qui ne plaît pas à tout le monde et c'est tant mieux. On revendique aussi le côté millésimé, à l'automne ou au printemps. Jesse joue avec tout cela. La matière première est saisonnière. Tous nos produits sont 100 % naturels. Du brassage à la cuisson et au houblonnage, c'est Jesse qui contrôle tout le processus. Nous avons participé en février 2020 au concours régional des bières de Bretagne. Notre blonde de référence, dorée, non filtrée, notre première création, La Rime royale, a remporté la médaille d'or. L'Écume festive a été honorée de la médaille d'argent, ainsi que l'Idylle en bière blanche. Après deux ans d'exploitation, nous proposons déjà huit bières, soit huit recettes différentes. Elles plaisent et elles commencent doucement à se faire un nom. C'est la récompense du travail de toute une équipe et le fruit de la solidarité de nombreuses personnes.
Depuis ce printemps, un marché de producteurs locaux se tient à la brasserie le mercredi à partir de 17h. Comment vous est venue cette idée-là ?
Nous souhaitions à la fois animer le lieu et participer à la promotion des produits locaux. C'est aussi une manière de suggérer que la bière se marie avec différentes saveurs, y compris des fruits et des légumes, du poisson. Nous mûrissions cette idée depuis plusieurs mois et puis le Covid-19 est passé par là. Nous avons pu finalement mettre en place le marché à la sortie du confinement. Après une petite pause, il reprend de plus belle le 26 août.
