Un retour à l'essentiel
Au large du Cap-Sizun, au péril des flots, s'étend modeste et téméraire l'île de Sein, Enez-Sun en breton. Un trait sur l'horizon. Altitude moyenne : 2,35 mètres. Une végétation rase. Une mer nourricière. Ils sont près de deux cents habitants à y vivre à l'année.
“Quand l'île nous est apparue, elle avait l'air d'une terre promise. Nous étions ballottés dans les eaux hurlantes du Raz. Le soleil se levait devant, dans un ciel vide, désert, vaste, vaste, vraiment infini…"
Le voyage vers Sein
C'est au port de Saint-Évette à Audierne que tout commence réellement, que le voyage s'annonce, que la traversée se dessine. Il y a les sereins qui sirotent leur café et les plus inquiets à l'idée de prendre la mer. L'île de Sein se mérite. Parfois la mer est d'huile.
Et le commandant en profite pour lancer des invitations à regarder le paysage et le patrimoine, rare. “Mesdames et Messieurs, vous pouvez voir sur votre droite la pointe du Raz et son sémaphore, le phare de la Vieille, et la tourelle noire et jaune de La Plate. Plus au large, le phare de Tévennec. Sur votre gauche, la tourelle du Chat. Bonne fin de traversée.” L'immensité, les phares, les balises, les rochers. Les repères, nouveaux, sont posés. Ar Gouelvan, l'un d'eux, à l'est de l'île, annonce l'arrivée. À l'extrémité ouest, le gracile phare de Sein, noir et blanc.
La vigie du Raz de Sein
Le phare de Goulenez est situé à la pointe ouest de l'île de Sein. Sa silhouette noire et blanche domine l'île et le Raz de Sein. Avec sa portée de 27.5 miles (soit 51 km), il complète le dispositif de signalisation maritime de la Pointe du Raz au phare Ar Men en passant par le phare de la Vieille ou Men Brial. Il s'agit du seul phare que vous pourrez visiter sur l'île. Il est ouvert en saison, d'avril à septembre. Il ne vous reste plus qu'à monter les quelques 360 marches pour profiter d'une vue imprenable sur la mer d'Iroise !
Protégée par de hautes digues, l'île maquette, délicatement et minutieusement esquissée, apparaît posée sur l'eau, aux maisons hautes, serrées.
L'île à fleur d'eau
Au bout de l'île parcourue de petits murets de pierre sèche s'étend la chaussée de Sein. Les fragments de roches semblent démultipliés. Au loin on devine la dramatique verticale du phare Ar-Men sur un écueil si étroit qu'il fallut douze années d'efforts pour achever les travaux. Le feu fut allumé le 18 février 1881.
Outre ce caractère déchiqueté, à fleur d'eau, l'île de Sein devient au printemps 1940 “le quart de la France”, selon les paroles célèbres du Général de Gaulle, au vu du nombre de Sénans l'ayant quittée pour rallier Londres et la Résistance. Depuis, cette “terre de courage et d'exemple” est l'une des cinq communes Compagnons de la Libération. L'un des quais où s'étirent et s'animent les journées et les nuits îliennes se nomme Quai des Français libres. Et ce n'est pas la moindre fierté du lieu et de ses habitants.
En effet, les Sénans ont répondu à l'appel du 18 juin 1940 et ont rejoint le Général de Gaulle à Londres à bord du "Corbeau des Mers". Le monument dédié aux Forces Françaises Libres qui rappelle cet épisode est visible aujourd'hui sur la route qui mène au phare de Goulenez. Une commémoration y est célébrée chaque année.
Les pierres qui causent
Devant l'église Saint-Guénolé, dans le bourg, deux menhirs ont bien des choses à se dire... "Les causeurs", surnommés ainsi à cause de leur forme particulière semblent en effet se parler, et ce depuis des millénaires. Ils sont d'ailleurs protégés puisqu'ils ont été classés Monuments Historiques en 1901. Une curiosité à ne pas rater !