Rencontre avec Éric Brouwer de Kernavélo
Créée en 2014 par une quinzaine de cyclistes, l'association quimpéroise Kernavélo, forte aujourd'hui de ses deux cents adhérents, s'attache à encourager et à faciliter les déplacements quotidiens à vélo en Cornouaille. Éric Brouwer est, depuis 5 ans, l'un des administrateurs de Kernavélo.
Que représente, pour vous, la bicyclette ?
Je pourrais dire que c'est un art de vivre. Mais c'est aussi tout simplement, de manière pragmatique, le moyen de déplacement le plus écologique, le plus économique et le meilleur pour la santé. À partir du moment où l'on souhaite se maintenir en bon état de forme et essayer de ne pas avoir un impact trop négatif sur l'environnement, le vélo offre de nombreux atouts. C'est un moyen de déplacement non carboné qui allie tous les défis que l'on peut se donner à titre personnel mais aussi sur un plan plus collectif.
En France, le vélo est depuis trop longtemps considéré comme un sport, mais pas comme un moyen de déplacement, un transport ! Le Tour de France est un événement mondialement connu, son succès populaire n'est plus à prouver. Et pourtant les gens n'adoptent pas le vélo pour se déplacer. Les enquêtes révèlent encore aujourd'hui que, même pour des petits trajets de 800 mètres, pour aller acheter la baguette de pain ou le journal, une majorité de personnes prennent leur voiture. Il faut parvenir à inverser cette tendance, c'est la raison d'être de l'association Kernavélo.
Quels sont les objectifs de l'association Kernavélo créée en mars 2014 ?
Nous nous donnons principalement comme mission de jouer un rôle actif auprès du public et des collectivités territoriales − communes, communautés de communes, département – pour contribuer à faire en sorte que le vélo devienne un moyen de déplacement à part entière, complémentaire aux transports collectifs et à la marche à pied, et non marginal comme il l'est actuellement. Nous comptons actuellement en France 3 % des déplacements quotidiens à vélo (2 % en Bretagne), alors que nos voisins européens nous surpassent allègrement : les Belges sont à 9 %, les Allemands sont à 12 %, les Suédois à 13 %, les Danois à 18 %, les Hollandais à 25 %. Notre marge de progression est donc très importante.
Notre rôle, c'est d'inciter à laisser sa voiture au garage chaque fois que c’est possible et à enfourcher sa bicyclette, tout particulièrement pour les trajets les plus courts (2 à 10 km selon les conditions locales). Mais pour ce faire, il faut que l'on puisse rouler en sécurité. Il faut donc agir auprès des autorités pour que des aménagements cyclables soient réalisés. Nous sommes particulièrement vigilants quant au respect de la réglementation dans les domaines de la voirie, de l'urbanisme et des déplacements, si possible en intervenant dès la phase amont des projets.
Quelles actions mettez-vous en place pour atteindre ces objectifs ?
L'usage du vélo doit être une question soulevée notamment au moment des élections. Nous nous efforçons de sensibiliser les candidats à l'intérêt de mettre en place une politique cyclable au niveau de la commune, du département, de la région. Ainsi, en ce moment, nous menons un gros travail de plaidoyer auprès des futurs candidats aux élections départementales et régionales afin que la bicyclette soit prise en compte dans les programmes, qu'il y ait des moyens mis en œuvre, des services, de la location longue durée, etc. Nous nous adossons, pour ce faire, au Collectif Bicyclette Bretagne.
Et tout au long de l'année, nous proposons aux communes du pays de Cornouaille des idées, des suggestions d'aménagements, nous leur rappelons leurs obligations réglementaires liées à l'article L228-2* du Code de l'environnement qui contraint l'aménageur à profiter des travaux de création ou de rénovation de voirie pour réaliser des aménagements cyclables.
Nous sommes heureux de constater que cette sensibilisation commence à porter ses fruits. Nous sommes de plus en plus souvent contactés par les communes qui souhaitent des conseils, des amorces de solutions.
*Article L228-2 - Code de l'environnement
À l'occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines, à l'exception des autoroutes et voies rapides, doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d'aménagements prenant la forme de pistes, de bandes cyclables, de voies vertes, de zones de rencontre ou, pour les chaussées à sens unique à une seule file, de marquages au sol, en fonction des besoins et contraintes de la circulation. Lorsque la réalisation ou la rénovation de voie vise à créer une voie en site propre destinée aux transports collectifs et que l'emprise disponible est insuffisante pour permettre de réaliser ces aménagements, l'obligation de mettre au point un itinéraire cyclable peut être satisfaite en autorisant les cyclistes à emprunter cette voie, sous réserve que sa largeur permette le dépassement d'un cycliste dans les conditions normales de sécurité prévues au code de la route. Le type d'aménagement de ces itinéraires cyclables doit tenir compte des orientations du plan de mobilité, lorsqu'il existe.
