"Un sentiment de fougue quand j'arrive à Molène"
Lydie Colleau est créatrice de bijoux à l'île Molène (Les Jardins de Chimère). Son moteur ? L'amour, qui l'a amené à retrouver l'île de son enfance et a inspiré son activité de création de bijoux à partir de la coquille d'ormeau. Portrait d'une artiste à la personnalité attachante qui partage aujourd'hui son temps entre Molène et le continent.
Quel est votre parcours ?
Je suis originaire de Molène du côté de ma mère. J’ai fait une formation dans le tourisme puis je suis partie un an aux Etats-Unis. En rentrant, j’ai senti le besoin de me recentrer et j’ai fait le choix de venir m’installer, surtout par amour, à Molène.
Comment vous est venue l'idée de créer de bijoux à partir d'ormeaux ?
Encore une fois par amour : c’est mon moteur.
Mon mari est pêcheur d’ormeau dans l’archipel de Molène depuis 15 ans maintenant. Il avait pour habitude de me ramener des petites coquilles à la maison, comme des petits trésors.
J’aime la création, j’ai besoin de produire des choses et donc l'idée m'est venue d'en faire des bijoux, au début timidement, de petits pendentifs comme une espèce de totem, puis, chemin faisant, des productions plus complexes. À l'arrivée, j'en ai fait des collections assez complètes.
Comment Molène inspire votre travail ?
Je suis quelqu'un de contemplatif avec tous mes sens en éveil et c’est un lieu assez idéal pour ça du fait de son calme, de son silence, si ce n’est le bruit de la mer, le bruit des oiseaux... les tempêtes quand ça arrive. Pour moi ce sont des éléments extrêmement inspirants.
À cela s'ajoute tout ce que je suis capable d’aller chercher à côté dans mes lectures, dans les expos que je peux aller avoir et puis dans toutes les tendances du moment parce qu’il s'agit également de mode. À partir de tous ces éléments-la, j’essaie de créer des choses uniques propres à ma personnalité.
Quel est le retour des visiteurs ?
Ils sont toujours surpris, étonnés de voir la façon dont je traite la coquille d’ormeau ; ils n’ont pas l’habitude de voir ce coquillage traité en bijou parce que la plupart du temps l’ormeau est traité pour sa nacre, pas pour le dessin de sa coquille. C’est cette différence que j’aime.
J'avais à l’origine un petit espace de vente chez moi où les gens venaient assez timidement. Depuis que j’ai ouvert ma boutique, j’ai touché un peu plus de gens, surtout des touristes, des gens qui prennent la peine de venir visiter notre île. Il s’agit d’une boutique éphémère que je n’ouvre que l’été mais j'ai un site internet qui me permet d'avoir des retours de mes clientes toute l'année.
Votre vie entre Molène et le continent ?
Je partage mon temps entre Molène et le continent. J’ai fait le choix de partir il y a 5 ans lorsque ma fille aînée était en âge de rentrer au collège. Mais leur papa est resté sur place y travailler. [...] Pour que tout ça ait du sens, il fallait avoir l'occasion de se voir régulièrement. Ce n’est pas simple en terme d’organisation parce qu’Il faut prendre le bateau régulièrement être en permanence dans les sacs, dans le mouvement. Mais finalement, on s’est construit là-dessus.
On fait en sorte que chacun de nous cinq (NDLR : le couple et les trois enfants) s’y retrouve. Ça se compose et ça se décompose. Les grands peuvent venir sur Molène tous seuls. Ils peuvent venir aussi alors que leur père s’en va pour venir me rejoindre moi et sa petite fille. On essaye d’être à l’écoute des besoins de chacun et des désirs de chacun.
Que ressentez-vous en arrivant sur Molène ?
C'est toujours un sentiment de fougue quand je passe les Trois pierres (NDLR : les trois pierres est un feu au nord-est de Molène, qui permet d'accéder au port de l'île).
C’est propre à l’enfance, c’est propre à ce que je ressentais enfant ; cette excitation et ce sentiment que je vais enfin me sentir bien, que je vais vivre des choses fortes et avec lesquelles je serais en accord. J'ai 44 ans et ça fait 44 ans que ça dure.
Quel est votre endroit préféré à Molène ?
C’est à Penn An Ero, la plage de mon enfance, juste en bas de chez ma grand-mère. C'est un endroit où j’aime encore venir avec ma petite dernière qui a 5 ans. C’est un rendez-vous obligatoire.
C’est un espace où il y a tout, il y a l’estran, quand la mer monte c’est charmant... il y a plein de choses à glaner. Les enfants s’y plaisent. C’est intéressant parce qu'à cinq ans, elle bouge beaucoup et qu'ici j’arrive à la canaliser. C’est plus confortable, je peux rester plus facilement sur ma serviette (rires).