"Tout est là : il y a juste à regarder et à être sensible à notre environnement, aux couleurs"
Mimi Caroff a choisi de quitté la région parisienne pour venir s'installer en Bretagne. Installée depuis 26 ans à Douarnenez, ce n'est qu'il y a 6 ans qu'elle s'est lancée en temps que céramiste. Tombée amoureuse de la ville et de ses habitants, elle nous raconte son métier de céramiste et la vie culturelle foisonnante de la ville.
Portrait vidéo d'une Finistérienne d'adoption, inspirée par tout ce qui l'entoure.
Retrouvez ci-dessous quelques extraits de l'interview.
Comment êtes-vous arrivée à Douarnenez ?
Je viens de la région parisienne, mon père est breton, et petite j’ai passé toutes mes vacances en Finistère, plutôt du côté de Névez. À 18 ans j’ai quitté la région parisienne pour venir en Bretagne.
J’ai habité Brest, j’ai travaillé à Morlaix, et j’ai atterri à Douarnenez en 1993. Je ne connaissais pas du tout Douarnenez. J’avais entendu parlé des Gras, qu’il y avait un tempérament très fort [...], une dynamique associative et culturelle [...].
[...] Quand on gratte un peu, [...] on découvre beaucoup de poésie dans le paysage, une qualité de vie exceptionnelle, des couleurs, la mer, la campagne, trois ports, une vie culturelle, une vie artistique très développée. Depuis que je suis installée comme céramiste, je trouve que ce côté artistique progresse énormément.
Vous êtes céramiste. Pouvez-vous nous parler de votre métier ?
Céramiste, c’est d’abord travailler avec des terres. Je travaille essentiellement le grès et de plus en plus la porcelaine. Ce qui est assez magique dans ce métier, c’est qu’on arrive, avec une matière inerte, à créer quelque chose, donner des formes, des couleurs. Ce qui me plait, c’est de travailler la création d’objets utilitaires, d'objets qui entreront dans le quotidien de tout à chacun, mais également d'objets purement créatifs qui vont améliorer l’environnement, faire rêver, ou tout simplement me donner du bonheur. [...]
J’utilise 4 techniques en céramiques : le tournage, le modelage, l’estampage et le coulage. Cela me permet d’alterner au gré des commandes, de mon imagination, de ce que j’ai envie de trouver, de ne pas m’ennuyer, et de vraiment trouver les techniques qui collent à ma façon de travailler, à mon tempérament.
Vous évoquiez la richesse associative, artistique à Douarnenez.
Il y a vraiment un creuset artistique ici. Quand je suis arrivée il y a 6 ans, on n’était pas aussi nombreux. Mais j’ai toujours été étonnée de voir qu’il y a autant d’artistes, d’artisans d’art, d’écrivains, de chanteurs, de musiciens, de danseurs... Il y a vraiment un creuset énorme, parfois très discret, mais avec une création très très forte, parce qu’il y a une liberté je crois. Tout est possible dans la limite du raisonnable.
Les gens ont une envie de rencontres, d’extérieur, de dynamique, d’échanges. Les touristes sont agréablement surpris de ne pas trouver des boutiques d’objets manufacturés. On trouve des boutiques d’artisans d’art, d’artistes, qui vivent de leur passion, de leur métier, et qui vivent ici [...]. Ici, on respire, on n'a pas d’embouteillage. On a la mer, la campagne...
Ces échanges que vous évoquez se traduisent-ils aussi par des collaborations artistiques particulières ?
Il y a une collaboration particulière à travers l’association MAD (Métiers d’Art à Douarnenez) [...]. L’envie de continuer à se retrouver et de travailler de façon particulière s’est fait ressentir. Avec MAD, on est plus sur des temps collectifs, comme l’exposition sur l’ile Tristan il y a 4 ans.
Il m’arrive de collaborer avec Nadica (Nadine Caradec), qui expose ses calligraphies chinoises, pour qui j’ai fait des boites utilitaires en porcelaines sur lesquelles elle inscrit ses calligraphies, sur l’épanouissement le bonheur.. C’est important, parce que le métier de céramiste, c’est un métier solitaire, comme beaucoup de métiers d’art [...]. Je travaille une bonne partie de l’année toute seule et j’aime bien cette idée de collaborer, de travailler ensemble. Ça alimente notre travail, notre imaginaire, et c'est toujours sympathique d’échanger, de discuter, d’élargir notre horizon.
Qu’est ce qui vous inspire ?
Je me promène, je vais à la plage, sur la plage des Dames, ou plus loin à Sainte-Anne-La-Palue. J’ai souvent des petits carnets où je vais griffonner des petits dessins, des idées, des couleurs. J’observe, je ramasse aussi. Je ramasse des berniques, des galets... et tout ça va m’inspirer. Ce sont des matières, c’est à portée de notre main. Tout est là : il y a juste à regarder et à être sensible à notre environnement, aux couleurs.
C’est pour ça que mes sujets de travail sont essentiellement liés à mon environnement : je vais m’appuyer sur les gorgones, les tourillons d’arénicoles, les poulpes. Je vais m’en imprégner, je vais les regarder, les observer. Il y a ensuite un petit travail intérieur inconscient, avant que sortent mes poulpes à moi qui ne ressemblent pas forcément à un poulpe véritable.
Qu’est ce que vous apporte les échanges avec les visiteurs ?
Le partage est un aspect essentiel. Comme j’ai des moments de solitude que j’apprécie beaucoup, j’ai aussi de grandes envies de partage et d’échange. J’aime beaucoup les moments où je donne des cours. J’en donne toute l’année, ici à Douarnenez et aux ateliers d’art à Concarneau. Ce que j’aime beaucoup, c’est l’échange avec les enfants qui sont extraordinaires. Ils ont beaucoup moins de barrière, de complexes que les adultes, ils y vont assez franchement.
Avec les adultes, ce sont des moments de partage. Pour certains ce sera une révélation ; [...] ils se disent tout d’un coup que c’est pas mal comme métier, ou que c’est un super loisir, parce que le travail de la terre nous pose, nous rend zen et absorbe nos colères ou nos sentiments plus ou moins positifs. On est alors tellement concentré dans le travail de la terre qu’on oublie l’extérieur, on oublie les soucis. Cela révèle les personnalités.
Ce sont des moments de rigolades, d’échanges, c’est vraiment très gai et j’ai besoin de ça, parce que je suis une personne sociable comme tout à chacun. Et si je ne montre pas mon travail c’est aussi très frustrant. Je ne travaille pas que pour moi, c’est un métier qui me fait vivre et j’ai besoin de le montrer, de le vendre, d’échanger tout simplement.
S’il y avait un coin en Finistère à retenir ?
Ce n’est pas facile comme question, parce que le Finistère est tellement vague et fantastique. Comme je vis à Douarnenez, je choisirais le site des Plomarc’h, parce qu'il surplombe la baie.
Il n’est pas très loin du centre-ville, il n’est pas très loin du port, on peut s’y promener seul, en famille, on peut laisser ses enfants découvrir les Plomarc’h, découvrir la basse-cour, découvrir le jardin potager. On peut descendre dans les grèves, on peut s’y baigner. On peut aussi découvrir les coquillages, la mer, il y a une vue fantastique sur la baie. Il y a aussi la campagne. Tout y est. C’est le coin fantastique. On peut pique niquer, lire, se ressourcer.