Précurseur et emblématique
Îles, phoques, bateaux de pêche, algues, phares, fortifications littorales… La mer d'Iroise concentre à la fois des activités humaines et des richesses naturelles et patrimoniales que le Parc naturel marin d'Iroise (PNMI) a pour mission de protéger et valoriser.
Un lieu de vie foisonnant
Créé le 28 septembre 2007, le premier parc naturel marin de France allie la préservation de l'exceptionnelle biodiversité de la mer d'Iroise à l'exploitation durable des ressources. Situé entre l'île de Sein, Ouessant et les limites de la mer territoriale, parcouru en ses extrémités par des courants puissants, ce territoire, ou plutôt “merritoire”, est une aire marine protégée qui couvre une superficie de 3500 km² soit la moitié du département du Finistère. L'incroyable multitude d'habitats − dunes, falaises, landes, îles, archipels, fonds rocheux… − abrite une faune et une flore d'exception.
Que ce soit au filet, à la ligne, à la palangre, au casier, à pied, au chalut, à la drague, la pêche côtière, dans toute sa diversité, contribue à l'économie locale et reflète la richesse biologique marine. Le parc n'est pas un musée à ciel ouvert mais bien un lieu de vie foisonnant où cohabitent différentes activités humaines, professionnelles ou de loisirs, dans un esprit de dialogue et de respect mutuel.
Protéger et sensibiliser
À la tête du PNMI, un conseil de gestion, composé de représentants d’acteurs de la mer d’Iroise– professionnels de la mer, élus, associations d’usagers et de protection de l’environnement, scientifiques et services de l’État. Cette assemblée, locale et participative, débat et se prononce notamment sur toute activité susceptible d’altérer le milieu marin.
L’Office français de la biodiversité est un établissement public dédié à la protection et la restauration de la biodiversité dans l'hexagone et les Outre-mer. Il met à disposition du parc naturel marin d’Iroise les moyens humains, techniques et financiers pour assurer une gestion cohérente de son espace maritime. Cette gestion intègre l’ensemble des politiques publiques, locales, nationales et internationales, sur la biodiversité. Cette gestion repose sur trois objectifs fondamentaux :
- la protection du milieu et des espèces
- la contribution au développement durable des activités maritimes
- la connaissance du milieu marin. Cette connaissance, acquise pour protéger, sert aussi à sensibiliser chacune et chacun à la richesse et la fragilité de l’univers marin.
Un outil de connaissances
L’équipe du parc, composée d’une quarantaine d’agents, étudie la qualité de l’eau, la bonne santé des espèces, et réalise le recensement du patrimoine culturel. Ces connaissances sont retransmises aux membres du conseil de gestion. Elles sont également mises à disposition des établissements universitaires et de recherche.
Ces connaissances sont aussi partagées avec les acteurs du monde marin, au plus près du terrain via les chartes partenaires. Trois chartes de bonnes pratiques environnementales ont été mises en place par le parc et s’adressent :
- aux ports et zones de mouillage situés dans le périmètre du parc
- aux patrons pêcheurs qui y réalisent tout ou partie de leurs activités
- aux prestataires d’offre touristiques qui y proposent leurs services
Les signataires qui s’engagent reçoivent des formations financées par le parc. En 2021 chaque signataire de charte s’est vu proposer 3 à 4 journées de formation, sur les pollutions, les espèces ou encore la réglementation ; ou des possibilités d’embarquement à bord des bateaux du parc, lors des missions de suivi sur le terrain. Des supports leur sont également mis à disposition : un guide oiseaux pour les prestataires d’offre de loisir par exemple. Les pêcheurs partenaires sont régulièrement informés des actions réalisées et des thèmes développés par le parc et ses partenaires sous forme de lettres numériques complétées par des supports de sensibilisation adaptés aux conditions à bord des navires. C’est en tout près de 80 professionnels du monde maritime qui bénéficient ainsi de l’expertise du parc et de ses connaissances du milieu.
Une nouvelle réserve aujourd'hui, un défi pour demain
L’archipel de Molène est un site d’importance nationale, abritant des habitats naturels, terrestres et marins, et des espèces animales et végétales remarquables. Les îlots de l’archipel constituent en particulier un site majeur pour la reproduction des oiseaux marins et limicoles côtiers, dont des espèces fragiles comme l'océanite tempête, le puffin des Anglais, et les sternes naines et pierregarin, le grand gravelot, l'huîtrier-pie…
Gérée par le parc naturel marin, la réserve naturelle nationale d’Iroise s’étendait jusqu‘en septembre 2021 sur un périmètre de 40 hectares de domaine terrestre, centré sur les îlots de Bannec, Balanec et Trielen. En 2019, à la demande du Préfet du Finistère et du Préfet maritime de l’Atlantique, les équipes du parc ont réalisé un travail de concertation pour étendre la réserve. En effet, l’augmentation des activités nautiques et balnéaires compromettait la conservation des espèces et des habitats présents sur les iles et leurs estrans. Il devenait donc indispensable de protéger, pour les générations futures, la biodiversité exceptionnelle de l’archipel.
Dans un contexte de prise de conscience globale de l’urgence de lutter contre l’extinction de la biodiversité, le parc a donc convié professionnels, usagers, scientifiques et élus à un partage de connaissances et d’expertises approfondis. Il en est né un projet d’extension concerté, adapté aux enjeux de conservation du vivant et aux réalités des usages locaux. Seul un bon partage des connaissances et des enjeux de protection dans l’archipel a permis d’obtenir l’adhésion des plaisanciers et professionnels qui fréquentent cette zone. La réserve s’étend à présent sur 1129 ha de terres émergées et d’estrans. Il s’agit maintenant pour l’équipe du parc de veiller au respect de cette nouvelle réglementation, de continuer les efforts de sensibilisation, et de poursuivre le suivi des espèces pour en évaluer les bénéfices de cette nouvelle réglementation pour la biodiversité.
Crédits photo : Jean-Philippe Coeffet / Agence française pour la biodiversité (bagage d'océanite tempête), Fabien Boileau / Agence française pour la biodiversité (goémoniers)
