L’éblouissement d’un bout du monde
La lumière en ce pays d’une platitude exacerbée, battu par les flots, hérissé sur ses pourtours de roches noires, a séduit de nombreux écrivains et artistes enivrés par sa transparence, sa brillance, son étrangeté.
L'emblématique phare d'Eckmühl
Pointe de Penmarc’h, en ce plat pays, autrefois nommé Cap Caval, la lumière est translucide, aveuglante, tirant vers le bleu. “L’air y paraît doté d’un éclat particulier, qui cerne les lieux et les gens”, confie l’écrivain et gardien de phare Jean-Pierre Abraham dans son roman Ici présent. Ce bout du monde s’avance dans les flots intranquilles dont la proximité est comme irréelle et par moments périlleuse.
C’est en ces lieux majestueux, surplombant un lit de roches dressées, qu’a été bâti en 1897, grâce à un legs de la marquise de Blocqueville, fille du maréchal Davout, prince d’Eckmühl, un phare dont les nobles matériaux ont fait la réputation. La tour de soixante-cinq mètres construite “afin de sauver les vies de la tempête” en pierre de Kersanton abrite un escalier dont les parois sont revêtues de plaques d’opaline et le plafond de marbre bleu. Du sommet, après avoir gravi les deux cent quatre-vingt-dix marches, la vue s’avère grandiose. La vieille tour Saint-Pierre qui lui a précédé et qui se tient à ses côtés abrite désormais des expositions temporaires.
Une contrée fascinante
La fascination pour Penmarc’h a joué à plein auprès de nombre d’écrivains et d’artistes. L’un des plus fidèles sera le Malouin Jean-Julien Lemordant. Mathurin Méheut en 1919 marchera sur ses traces en louant une maison à Saint-Guénolé. Quant à Jean Bazaine, qui réalisa les vitraux de la chapelle de La Madeleine en Penmarc’h, il avouait son amour pour cette contrée ainsi : “Cette côte, cette lumière, elles m’ont nourri depuis cinquante-sept ans et cela pourrait encore durer trois cents ans.”