"Ce qui m'intéresse dans mes recherches ? La relation perpétuelle avec le monde dans lequel je vis"
Depuis son enfance, Philippe Potin est attiré par le monde des algues. Aujourd'hui chercheur au CNRS, à la Station biologique de Roscoff, il mène des recherches sur ces organismes vivants, tout en gardant un lien fort avec le territoire et les entreprises bretonnes.
Portrait vidéo d'un Finistérien animé par la passion de son métier et du Finistère.
Retrouvez ci-dessous quelques extraits de l'interview.
Au quotidien, quel est votre travail ?
Je mène mes recherches sur les grandes algues [...] Je m’intéresse particulièrement à des mécanismes qui permettent à ces algues de se défendre contre des agresseurs. [...] Ce qui m’intéresse dans mes recherches c’est qu’elles sont en perpétuelle relation avec le monde dans lequel je vis et avec les travailleurs de la mer, qui vont bénéficier des algues : les goémoniers, les pêcheurs et tous les transformateurs d’algues que l’on peut avoir en Bretagne. La recherche que l’on mène ici est ancrée sur des projets collaboratifs avec ces entreprises.
Il y a plus de 70 entreprises en Bretagne qui exploite les algues. On développe des programmes avec elles pour [...] une récolte durable de ces algues, mais aussi pour trouver de nouvelles applications.
Les algues, une vocation ?
J’ai eu la chance de connaitre les derniers goémoniers qui venaient avec leurs charrettes trainées par des chevaux faire sécher leurs algues sur les dunes. C’est naturellement que je suis donc venu aux algues. [...]. Je suis venu terminer mes études à Brest spécifiquement pour pouvoir travailler sur les algues [...].
Le fruit des rencontres [...] m’a permis ensuite de faire mon doctorat sur Roscoff et de bénéficier d’une bourse [...] pour travailler sur le développement des algues et leurs applications en agriculture.
Comment conciliez-vous recherche et respect de l'environnement ?
On inscrit toutes nos activités de recherche et de développement d’applications pour assurer la continuité de la disponibilité de la ressource dans le respect de la biodiversité qui est associée aux algues. Tous nos programmes prennent compte ces aspects. C’est dans ce sens aussi qu’aujourd’hui nous développons des travaux sur la culture d’algues [...]. Il ne faut pas accroitre la pression sur la récolte, il faut trouver de nouvelles sources d’approvisionnement pour les entreprises.
Les algues, une filière d’avenir ?
Depuis une dizaine d’années, nous avons pu bénéficier de financement dans le cadre des investissements d’avenir et, au même titre qu’il existe de grands projets sur le blé, le maïs et toutes les ressources en agriculture, nous avons un projet sur les grandes algues marines baptisé IDEALG, que je coordonne, qui a permis de fédérer bons nombres de chercheurs dans le Finistère et ailleurs autour des algues. Ces spécialistes pluridisciplinaires ( biologistes, écologues, mathématiciens, chimistes, chercheurs en sciences sociales…) contribuent aujourd’hui au développement des activités autour des algues.