Escapade le long de la Vélodyssée en Finistère
Deux amies partent en balade sur la Vélodyssée, partie française de l'Atlantic Coast Route. Elles choisissent le tronçon d'une cinquantaine de kilomètres ralliant Morlaix à Carhaix en toute tranquillité au sein de la nature. Une expérience grisante et sereine.
Morlaix, départ de la voie verte
C'est à Morlaix, sous l'imposant viaduc ferroviaire, que nous nous sommes donné rendez-vous pour une escapade à bicyclette à travers le Finistère intérieur. Avant de venir, histoire d'impressionner mon amie d'enfance qui est fine lectrice, je me suis plongée dans l'œuvre de Philippe Le Guillou, prix Médicis en 1997 pour Les Sept Noms du peintre. L'écrivain qui a vécu enfant à Morlaix loue ainsi “la beauté de la ville, ses escarpements, ses venelles labyrinthiques et moussues, ses rampes, c'est-à-dire ses passages tortueux dans le tissu décrépit des quartiers”.
Et ce mystère nous a conquises lorsque nous sommes allées récupérer nos vélos électriques à l'office de tourisme, casques, sacoches et cadenas inclus. Le pavé est encore humide de l'ondée, le ciel est comme lavé, l'air est pur, et toutes pleines de tonicité, à coups de pédale énergiques, nous nous élançons vers la Manufacture des tabacs, monument central de la cité, juché sur le port, tout en levant le nez vers les très anciennes maisons à pans de bois, osant de temps à autre nous engouffrer dans une ruelle obscure d'une autre époque, d'une autre saveur, d'une autre couleur. Demain est un grand jour, nous allons affronter, avaler, près de 50 km de voie ferrée devenue verte. Quelle heureuse initiative !
Le Centre Bretagne, terre de magie
Après un robuste petit-déjeuner, nous voilà parties sac sur le dos et ce sentiment de légèreté en bandoulière qui ne nous quitte plus depuis que nous avons enfourché nos bicyclettes. Grâce à l'assistance électrique que nous actionnons quand nous le souhaitons, nous ne ressentons aucune fatigue, aucune douleur. À tel point que nous décidons d'un commun accord de musarder sur le chemin. À Coatélan, nous quittons la Vélodyssée afin d'aller découvrir Plougonven, situé dans la partie nord-est du Parc naturel régional d'Armorique, et son enclos paroissial. L'ensemble composé de l'église, du calvaire érigé en 1554 et de la chapelle funéraire a été classé Monument Historique en 1916.
Sans trêve nous pédalons. Ce n'est désormais plus la forêt qui nous environne mais les landes, terres de magie et de péripéties, caractéristiques des monts d'Arrée. “Ces montagnes qui n'en sont plus mais qui se souviennent de l'avoir été”, comme l'écrivait si élégamment Anatole Le Braz. À nouveau, nous bifurquons, décidons d'une halte à quelques encablures de la véloroute. Plantée de hêtres et de chênes, la forêt du Huelgoat abrite une flore et une faune variées, des mythes et des légendes tout aussi luxuriants, et un chaos de roches granitiques étonnant et éruptif formant d'invraisemblables sculptures dont les noms imagés attisent l'imagination : le Ménage de la Vierge, la Grotte du Diable, la Roche Tremblante, mais aussi la Mare aux fées, et non loin la Grotte d'Artus. Nous sommes au cœur de l'Argoat, le pays des bois.
Prises par l'enchantement des lieux, nous nous retirons non sans peine pour rallier Carhaix, ville du festival Les Vieilles Charrues, ville centre, ville cœur du Finistère, capitale de l'Armorique romaine. Un centre d'interprétation archéologique virtuel adossé à un jardin archéologique a ouvert récemment. Nous le découvrirons demain et songeons déjà, non sans mélancolie, à la fin de notre escapade, mais nous nous promettons de revenir aux vacances prochaines avec conjoints et enfants !