À la découverte du patrimoine - Locronan

En bas de la rue Moal, un beau calvaire en granit, représentant le Christ en croix encadré de deux anges et d’une Vierge à l’Enfant, signale la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle du XVe siècle. Elle a conservé ses dispositions d’origine avec son arc diaphragme, séparant la nef du chœur, et un bel ensemble de statues. Son clocheton a été reconstruit au XVIIIe siècle. Les vitraux abstraits et colorés, datés de 1982, sont l’œuvre d’Alfred Manessier. En contrebas, la fontaine-lavoir Saint-Eutrope, financée par un marchand de toile, porte l’inscription «don de I. Conan, marchand de toile, l’an 1698».

Au sommet de la «montagne» de Locronan se trouve la chapelle Ar Zoñj (du souvenir) sur le parcours de la troménie où fut d’abord installée une chaire extérieure de granit en 1887. La chapelle actuelle est édifiée en 1977. Elle est ornée de vitraux contemporains de Jean Bazaine.

À partir du XVIe siècle, la place prend l’aspect d’un véritable centre urbain. Les principaux aménagements se font entre le milieu du XVIIe siècle et le début du XVIIIe siècle. Une classe aisée, constituée de marchands, de notaires et d’avocats, fait construire de belles demeures en pierre de taille de granit dont les façades symétriques sont surmontées de grandes lucarnes à frontons. Si les hauteurs des toits ne sont pas alignées, un soin tout particulier est apporté au décor et à la taille de la pierre. La rue du Prieuré, face à l’église, n’est percée qu’en 1875 par la destruction d’une imposante demeure. Ces travaux ont modifié considérablement la perception de l’ensemble et ont ouvert une belle perspective sur l’église.

C’est dans cette rue pentue, animée et populaire, abritant de petits ateliers que vivaient les tisserands. On en comptait cent cinquante en 1750. Les toiles à voiles et d’emballage, qui équipaient la marine royale française, la marine anglaise ainsi que celle d’Espagne, étaient fabriquées à partir du chanvre cultivé et tissé aux alentours de la cité. Elles étaient ensuite collectées par des marchands et revendues dans les foires. Les maisons de la rue Moal, du XVIIe et XVIIIe siècle, plus modestes que celles de la place de l’église, ne possédaient pas d’étage et étaient couvertes de chaume.

Construite en 1693, cette imposante maison témoigne de la richesse de son occupant. Une grande lucarne ornée d’une jolie tête sculptée est visible à la base du toit.

Ce grand bâtiment, daté de 1689, abritait au XVIIIe siècle le comptoir de la Compagnie des Indes qui contrôlait alors une grande partie du commerce maritime français et procédait notamment à l’exportation des toiles de Locronan. La présence de cet établissement témoigne de l’importance de la ville alors centre de production toilière.

C’est dans cet édifice, construit en 1669, qu’un officier du roi vérifie, à partir du milieu du XVIIIe siècle, la qualité des toiles avant la vente, puis appose la marque «visité à Locronan». L’objectif était alors d’enrayer le déclin du tissage en mettant en avant la qualité des produits de Locronan. L’initiative fut cependant sans effet.

Les toiles tissées à Locronan sont acheminées par cette rue vers Pouldavid, port d’exportation. À l’angle, on peut voir la maison de maître René Trobert, sieur de la Garenne et notable de Locronan du XVIIIe siècle, dont le nom est gravé sur le linteau de la porte. Plusieurs maisons de cette rue ont conservé leurs anciens étals débordant en pierre, témoins d’une activité commerçante.

Il s’agit de la plus ancienne maison de la place. Construite en 1624, les étages sont remaniés au XVIIIe siècle. L’intérieur est classé au titre des monuments historiques, notamment le très bel escalier à vis.

Dans un premier temps, la volonté de Charles Daniélou (1878-1953) était de créer un fonds de peintures, de gravures et de faïences qui témoigneraient de l’influence artistique de la cité et de ses paysages sur les artistes en visite. Finalement, un musée des beaux-arts, accolé à la mairie, ouvre en 1934. Il présente notamment Émile Simon, Yvonne Jean-Haffen, Désiré Lucas et bien d’autres peintres renommés.

Le bâtiment présente une belle porte en accolade surmontée d’un blason. Une lucarne ouvragée perce le toit. Cette maison, aussi appelée «maison du prieur», est achetée en 1912 par Thérèse, mère d’Yves Tanguy (1900-1955). L’artiste, ami d’André Breton et de Salvador Dalí, y venait tous les étés dans les années 1920, pour rendre visite à sa mère, accompagné de Marcel Duhamel, de Pierre et Jacques Prévert. Certains voient dans ses œuvres surréalistes l’influence de la nature et des légendes bretonnes.

Du haut de la rue Saint-Maurice, les promeneurs peuvent admirer les toits de Locronan, au loin la baie de Douarnenez et la montagne du Menez Hom. Cette vue a inspiré plusieurs peintres comme Mathurin Méheut. La hauteur permet de prendre la mesure du positionnement de Locronan à flanc de montagne (le Menez Lokorn). Cette route est l’ancienne voie romaine menant de Quimper à l’Aber Wrac’h. Sur son bas côté, on peut encore voir la Kroaz (croix) Keben. Selon la légende, à cet emplacement, la terre se serait ouverte pour «avaler» la Keben, lors du retour du corps de Ronan.

L’édifice à deux étages, qui surplombe la cité et bénéficie d’une vue splendide sur la campagne du Porzay, fut bâti en 1907 par Charles Daniélou. Cet homme politique, député du Finistère et maire de Locronan, ministre de la IIIe République et amateur d’art, œuvra pour Locronan. Il obtint notamment le classement au titre des monuments historiques de la place de l’église et créa le musée.