Morlaix et l’art des fresques urbaines
Au début des années 1900, la ville de Morlaix a fait construire un tunnel destiné à accueillir un funiculaire, reliant la gare au centre-ville, à proximité du viaduc. Le projet est abandonné en 1933 et le tunnel est alors condamné et interdit au public.
Près de 100 ans plus tard, le tunnel a repris vie grâce à l’association Takad Grafàn (« zone à graffer » en breton) et au street-artiste ZAG qui souhaitent offrir au public une expérience artistique immersive grâce à l’exposition « Obsidian, la légende du dragon ».
Au programme : une scénographie s’étendant sur 80 m mêlant jeux de lumières, fresques, sculptures, photos, BD qui défilent jusqu’à la gigantesque fresque finale, de 12 m de long et 4 m de hauteur, réalisée par Ezra.
Quimper et son habitant d’adoption, Aristide Briant
« La loi doit protéger la foi, aussi longtemps que la foi ne prétendra pas dire la loi. » Cette phrase prononcée par Aristide Briand, député de la IIIe République et porteur de la loi sur la séparation de l’Église et de l’État en 1905, s’inscrit au côté de la fresque le représentant.
À quelques pas de la gare, l’œuvre d’art urbain de 6,5 m a tout logiquement trouvé sa place sur la façade d’un bâtiment situé à l’angle du boulevard Dupleix et de la rue… Aristide Briand. Cette fresque a été imaginée par le bien connu graffeur quimpérois Thierry Biger, alias « Hoz ».
Derrière la mairie de la cité de l’Odet, une autre fresque monumentale se cache sur une façade de la rue du Verdelet. Intitulée « Kemper Endro » (Quimper environnement en breton) et réalisée en duo par Zag et Akhine, cette fresque met en scène une salamandre, une forêt, un escargot et un oiseau autour d’un globe, dans l’objectif de sensibiliser à la protection des espèces et de la nature.
L’œuvre des deux artistes a été récompensée par la troisième place du concours « Golden Art 2024 » parmi 57 autres fresques situées aux quatre coins de la France.
Brest, capitale du street-art
Brest est une pionnière en matière de street-art en Finistère. Il se dit d’ailleurs que, durant très longtemps, la cité du Ponant était la seule ville du territoire où il était possible d’acheter des bombes de graff !
Mais depuis plusieurs années, la tendance semble s’être accélérée ! Port de Commerce, Recouvrance, les Capucins…, Brest est devenue une toile géante pour les artistes de rue.
Parmi les plus récentes, dans le quartier de Saint-Pierre, Ador a réalisé la fresque nommée « Le Spote » sur le mur pignon de l’immeuble de Brest métropole habitat, situé au 4, rue François-Cordon. Les habitants du quartier avaient pu choisir, parmi deux esquisses proposées par le graffeur, celles qu’ils préféraient. Chacun peut y lire ce qu’il y souhaite et la démarche entend créer du lien entre les générations et entre les habitants du quartier. L’artiste a, pour sa part, souhaité représenter à travers son dessin une colombe qui regarde vers un avenir poétique.
Lesneven et son lion bleu
La deuxième plus belle fresque de France, selon le concours Golden Arts 2024, se trouve au 12, rue de la Marne à Lesneven. Elle est l’œuvre de l’artiste morlaisien Zag qui a souhaité rendre hommage à la culture, l’histoire et au riche patrimoine.
Le graff représente ainsi un lion majestueux, symbole de la ville dont la devise est « Lesneven, Cœur du Léon, Cœur de Lion », l’église Saint-Michel pour le patrimoine architectural et le tourisme et, enfin, la mer pour les sublimes paysages maritimes qu’offre la Côte des Légendes.
Concarneau, ville bleue
Le propriétaire de cette façade en avait assez de voir des tags fleurir sur le mur de son établissement, « Les Embruns », à Concarneau. Afin de se prémunir définitivement des graffitis sauvages mais aussi pour embellir la rue Dumont-d’Urville, le Concarnois a fait appel au street-artiste Mikaël Barzic, connu sous le pseudonyme de « Jone ». L’artiste et le propriétaire des murs et la Ville ont conjointement choisi de mettre à l’honneur à travers cette œuvre la ville-close de Concarneau, son beffroi et le quai Nul. Le graffeur concarnois a réalisé cette fresque spectaculaire en marge des Filets Bleus en 2023, sous l’œil curieux des centaines de badauds flânant chaque jour dans les rues de la ville bleue pendant le festival.
Deux autres fresques de street-art sont visibles au centre-ville de Concarneau : rue Malakoff et rue Bayard au cœur de la ville-close, également sur le thème maritime.
Quimperlé, à l’abordage !
Louis Boidron et Édouard Egea se sont rencontrés sur les bancs de l’École d’arts appliqués de Bordeaux. Depuis 2012, le duo habille des palissades aux quatre coins du monde et signe ses œuvres sous le nom de « MonkeyBird », comme à Quimperlé, rue du Bourgneuf.
Cette gigantesque fresque de 130 m2, les deux amis l’ont souhaitée comme une invitation au voyage et au rêve. On y retrouve les thèmes de l’océan et de la découverte, tout comme l’histoire de la ville et de son grand port d’antan. L’œuvre met également en avant le lien étroit qui unit l’élément de l’eau à Quimperlé, la cité aux trois rivières (l’Ellé, l’Isole et la Laïta). Il en ressort la représentation d’une galère antique, inspirée de la mythologie grecque et de L’Odyssée, avec un marin à la proue de son navire scrutant l’horizon à la longue-vue. Un autre assure le cap avec son compas.
Saint-Pol-de-Léon et son « Centre nautilus »
En 2023, les deux blockhaus du centre nautique de Saint-Pol-de-Léon se sont transformés sous les bombes de peinture du street-artiste Zag.
Ce projet, intitulé « Centre nautilus » , avait été placé en tête par les Saint-Politains qui avaient été invités à voter.
Les fresques se présentent comme une anamorphose, c’est-à-dire que chacune d’elles ne peuvent s’admirer entièrement ou être prises en photo que d’un seul endroit. Le projet s’est ainsi révélé complexe à mettre en œuvre. La particularité de l’anamorphose a nécessité, en amont, de modéliser l’œuvre sur des maquettes à l’échelle des deux bâtiments, en y intégrant les portes et les vitrages et en prenant en compte les recommandations des Bâtiments de France.
Zag, qui a fait de cette particularité graphique sa spécialité, a ainsi réalisé une fresque onirique inspirée de l’œuvre de Jules Verne « Vingt Mille lieues sous les mers ». Par ce choix, l’artiste a souhaité mêler rêve et mer pour ce bâtiment situé à deux pas du littoral.
Douarnenez et la ville d’Ys
À Douarnenez, un circuit artistique mêlant toutes les formes d’arts a été conçu par la ville et Douarnenez Habitat. Le thème de la Ville d’Ys s’est naturellement imposé. La légende raconte que la cité engloutie reposerait dans la baie de Douarnenez.
Neuf fresques et sculptures réalisées par cinq artistes sont réparties dans le centre-ville. Le cheminement invite les promeneurs à lever les yeux pour les découvrir. Il ne faut pas hésiter à faire le tour des bâtiments, prendre les passages couverts, pénétrer au cœur des cours et emprunter des ruelles qui semblent secrètes. Comme le passage de la maison de Charles Tillon, sur lequel s’affiche une gigantesque fresque réalisée par Maëlle Daoudal et Clara Pasutto.
L’œuvre aux tons pastel qui s’étend sur les 9 m de long du passage fait ainsi référence à la légende de la ville d’Ys et la scène représente une pièce du château de la princesse Dahut, fille du roi Gradlon, sous les flots. En clin d’œil à la culture locale, on y retrouve la célèbre robe du brodeur Pascal Jaouen et la harpe de l’ébéniste quimpérois Marin Lhopiteau.
Ambiance de pêche au Guilvinec
Le port du Guilvinec offre une ambiance bien particulière. Sur les quais, les pêcheurs s’activent et les goélands tourbillonnent au-dessus des bateaux. À deux pas de là, rue Jacques-de-Thezac, la fresque qui recouvre le pignon de la Poissonnerie du port résume à elle seule toute l’identité du Guilvinec. Réalisée en 2024 par le street-artiste Istraille, l’œuvre met en scène un marin au visage marqué observant la mer déchaînée et un navire qui rentre au port après une journée de pêche. Chaque détail raconte une histoire, celle d’un port vivant, ancré dans la tradition et tourné vers l’avenir. On y lit le lien profond qui unit les hommes à l’océan. Avec le port en toile de fond, l’artiste ne pouvait rêver meilleure source d’inspiration pour retranscrire l’ambiance des quais des ports de pêche. À travers ses fresques et ses initiatives, le street-art en Finistère illustre parfaitement le dynamisme culturel du territoire et l’ouverture aux expressions artistiques contemporaines.
À ne pas manquer, aussi au Guilvinec : l’escalier de la terrasse de la criée menant à Haliotika.
Morlaix Arts Tour
Dès la 1re édition en 2019, le festival Morlaix Arts Tour est devenu un rendez-vous incontournable. Cet événement, qui met le street-art à l’honneur et conjugue patrimoine historique et art urbain, propose un parcours dans la ville ponctué d’œuvres. Il permet aux habitants et aux visiteurs de redécouvrir la richesse patrimoniale et architecturale du territoire.
Chaque année, de nouvelles œuvres réalisées par des artistes de renom comme Bond Truluv, Manyak, RNST, John Viana, Ciclope et bien sûr Zag viennent compléter ou remplacer les fresques existantes. Ce festival confirme que le street-art en Finistère s’impose désormais comme une véritable référence, reliant patrimoine, histoire et modernité.
En 2021 et 2022, deux fresques morlaisiennes ont été auréolées du prix « Golden Street-art » : « Kit de secours » par Leon Keer et « Message in the bottle » de Wild Drawing.

Balade street-art à Quimper