Suivez l’épopée des Johnnies !
« Je ne m’attendais pas à une histoire aussi riche ! » Devant la maison des Johnnies qu’elle vient de visiter, Catherine est enchantée. Jamais elle n’aurait imaginé combien l’oignon de Roscoff est un véritable trésor pour le Finistère, les Finistériens… et la gastronomie française.
Un voyage à travers le temps et l’histoire
Elle avait toujours rêvée d’ouvrir la porte du musée situé au cœur de Roscoff : recouverte de tresses d’oignons, la « Maison des Johnnies » raconte l’histoire de l’or rose du Finistère Nord, l’oignon de Roscoff. Importé par un moine capucin arrivant de Lisbonne, en 1647, le légume est particulièrement apprécié par les marins roscovites pour lutter contre le scorbut. Au 18e siècle, la culture se développe aux alentours du port. Jusqu’au jour où le jeune Henri Ollivier se lance dans une drôle d’aventure : en 1828, il décide d’aller vendre ses oignons couleur rosé outre-Manche, en Grande-Bretagne. On raconte « qu’il en revint les cales vides et les poches bien remplies ». Ainsi est née l’histoire des Johnnies (littéralement « Petit Jean », surnom donné par les Britanniques aux paysans roscovites) : ces derniers s’en allaient à la fin du mois de juillet et vendaient leur oignon dans toute l’Angleterre. A pied, puis à vélo à partir du 20e siècle, les Johnnies transportaient sur leur guidon les récoltes, qu’ils avaient tressées pour mieux les conserver. L’histoire des Johnnies est à son apogée durant l’entre-deux guerres lorsqu’en 1920, près de 1400 Johnnies écouleront 9000 tonnes d’oignon de Roscoff outre-Manche.
L’oignon de Roscoff, l’or rose du Finistère Nord
La crise des années 30 vient mettre un terme à cette belle épopée. La production et la vente d’oignons ne cessent de baisser pour atteindre seulement 1500 tonnes d’oignons cultivés, en 1990. En 1992, un groupe de producteurs a l’idée de lancer un nouveau produit : la grappe d’oignons d’1 kg, tressée et nettoyée manuellement. Le succès est au rendez-vous. Pour assurer la pérennité de leur produit, les producteurs obtiennent l’Appellation d’Origine Contrôlée en 2009. En 2013, ils obtiennent l’Appellation d’Origine Protégée, reconnue à l’échelle européenne. Trois ans plus tard, la confrérie de l’Oignon de Roscoff est promue à Lisbonne, au congrès européen des confréries œnologiques et gastronomiques. « Promis, je reviendrai à Roscoff pour la fête annuelle de l’oignon, fin août », s’exclame Catherine en sortant du musée.
Là où tout commence
Le lendemain Catherine a rendez-vous devant le musée et part avec un groupe de touristes chez les producteurs de la zone légumière. Accompagné d’un guide, ils arrivent sur le parvis de la ferme où Paul, le producteur, les attend. Ils se dirigent alors vers un champ, rempli d’oignons prêts à être récoltés. « C’est un savoir-faire qui s’est transmis de génération en génération, ces terres sont dans la famille depuis plus d’un siècle » raconte-il passionnément. Plantation des oignons, récolte, mise en vente, spécificités… De retour sur le parvis, les visiteurs découvrent la zone de conditionnement. Ici, les mains s’affairent à nettoyer puis à tresser délicatement les oignons déjà récoltés pour qu’ils sèchent. Tous les sens de Catherine sont en éveil. L’odeur si particulière du légume réveille des souvenirs lointains. Catherine regarde les ouvriers qui déchargent la remorque du tracteur et qui charge le camion de grappes prêtes à être mise en vente sur les étals. « C’est unique de pouvoir rentrer dans une exploitation et de découvrir tous les secrets de production d’un légume qu’on affectionne depuis toujours ».
De la fourche à l’assiette
Paul invite les participants à se rendre dans la salle de repos des ouvriers. Là, ils découvrent des assiettes remplies d’oignons de Roscoff. Cette fois-ci quelle chance, ils vont avoir le droit à une dégustation. Catherine a déjà l’eau à la bouche. Après quelques explications du producteur, les convives entament la dégustation. Cuits, cru, en sauce… l’oignon est sous toutes ses formes. Catherine redécouvre alors les saveurs et les arômes qu’elle affectionne tant. « Son goût est léger et si parfumé », se régale-t-elle, les papilles frémissantes. La dégustation se termine en beauté : le producteur présente une tarte tatin à l’oignon de Roscoff caramélisé, qui se déguste aussi bien en entrée qu’en dessert. Surprise, Catherine ne tarde pas à y goûter. Toutes les saveurs du légume explosent alors dans sa bouche. Il n’y a plus de doute, l’oignon de Roscoff est unique et inégalable. Catherine pense alors déjà au prochain repas qu’elle organisera et une chose est certaine : ses invités dégusteront des oignons de Roscoff… en dessert ! Et vous, vous êtes plutôt salé ou sucré ? Voyagez dans le temps et venez (re)découvrir le goût des bonnes choses en baie de Morlaix.