"Il y aura toujours un territoire qui sera prêt à le retrouver"
Olivier Balavoine, vit à Princeton dans le New Jersey aux Etats-Unis. Il oeuvre de l'autre côté de l'Atlantique à faire connaître sa région natale, rencontre avec l'initiateur des communautés et réseau BZH New York et BZH NetWork ...
BZH New York, cette association de bretons à New York ?
Tout a commencé en juin 2006 avec une première rencontre. Elle est simplement la suite de ce que j’avais pu vivre au Mexique, à Mexico, à Pékin à Shenzhen, ou en Côte d’Ivoire, ou même à Plymouth. C’est-à-dire que les bretons aiment se rencontrer et, de temps en temps, se passer des bons tuyaux à différents endroits de la planète. Puis, les réseaux sociaux sont arrivés en 2005-2006 et c’est vrai que c’était le bon moment pour mettre en place une plate-forme, j’appelle ça un petit laboratoire, en fin de compte, tout le monde arrive avec ses capacités, son envie d’engagement par rapport à son territoire et son identité et, tout ça, à différents endroits de la planète. BZH Network a commencé entre le Japon avec Stéphane Péan et puis avec moi qui étais à New York. 10 ans après, je me souviens d’avoir toujours dit, vous verrez, un de ces quatre matins, on aura un festival breton qui voudra faire la fête avec nous à New York. C’est vrai que c’est un endroit où on se retrouve pour parler travail, vie quotidienne, culture. Et puis, chacun qui veut passer par New York et qui se pose des questions sur comment s’implanter, comment vivre, comment arriver avec sa famille. Eh bien, on est là pour répondre à toutes ces questions-là.
C’est un réseau…
D’échanges de savoirs, de connaissances. Nous avons ce qu'on appelle ça grâce à Internet, une vie en ligne, une vie offline. En ligne, c’est de l’intelligence collective qui se met en réseau.
Vous travaillez aussi dans l’éducation ?
En ce moment, je travaille sur un projet avec mon lycée. Je crois, qu’aujourd’hui, le changement va s’accélérer. Je pense que les enfants ont une vraie capacité de nous aider à nous poser les bonnes questions par rapport au changement. J'’aimerais, quand on est lycéen, qu’on leur dise qu’ils sont capables de nous apporter des solutions à des problèmes locaux que nous avons. L'idée, c’est de connecter l’Ikigai. L’Ikigai, c’est ce qu’on est, c’est une philosophie japonaise. Ce qu’on aime, ce qu’on est bon, ce qu’on peut faire pour créer de la valeur et, surtout, quel est le problème ou quel besoin de la planète qu’on veut résoudre. Et, là, l’idée, c’est se connecter aux 17 objectifs des Nations Unis qui ont des sustainable goals qui ont été mis en place en 2015. Et, là, où on va pouvoir connecter le jeune avec son envie de faire avec tout le tissu associatif qui existe autour du village ou la ville dans laquelle on vit. J’espère que ça va se mettre en place. Si on pouvait le mettre en place aussi avec l’Université de Princeton qui est juste à côté, ça donnerait pas mal de sens. C’est connecté un peu ceux qui ont plus de 55 ans et qui n’ont plus d’enfants à la maison et qui ont envie de redonner, donner à la communauté et puis, parce qu’ils ont le temps, l’argent et les connections, et puis, les moins de 25 ans qui ont envie de faire par rapport à ce qu’ils sont, et des problèmes qu’ils ont vus localement, qu’ils voudraient résoudre.
Vous êtes originaire de la baie de Morlaix. Quel sentiment avez-vous quand vous parlez de ce territoire ? Quel sentiment avez vous quand vous y revenez ?
Quand on fait des choix dans la vie, on est toujours connecté à ce qu’il s’est passé avant. Et, ce choix-là, on le prend dans l’instant présent pour, quelque part, vivre un peu l’avenir. En général, pour prendre de bonnes décisions, soit on va dans la nature pour marcher ou, alors, soit on est dans une énorme ville et les seules choses qu’on a, c’est respirer, breeding in, breeding out. Et puis, à un moment donné, on rentre en méditation. On réveille ses sens pour connecter sa tête avec son corps. Et, bien, je pense que j’ai tendance à dire que tout était un peu écrit au début de l’histoire. Dans nos choix, de temps en temps, on essaie de résoudre des choses qu’on voulait résoudre tout-petits et puis, qu’on n’avait peut-être pas le temps ou la force, l’énergie pour les résoudre. Mais, ça s’est fait dans un écosystème dans lequel on a vécu initialement avec des gens qui ont beaucoup compté en général, chez nous, dans notre vie au départ. Il y a les dix premières années. Et après, les dix premières années, il y a un cocon, où tout le monde connaît tout le monde. Il y a un village qui fait qu’on devient ce que l’on devient. Et puis, après 10 ans, on commence à avoir nos premières activités où on découvre un peu plus, on prend peut-être un peu plus de risques, on part un peu plus à l’aventure. Et, là, ça se fait aussi avec des amis. Puis, ça se fait avec des mentors, ça se fait avec des coachs, des professeurs. Tout ça, ça part de quelque part. Les premiers dix ans de ma vie, j’ai appris la liberté ici. Je pense que cette recherche de liberté, on l’a en nous, une envie de se sentir libre, une envie de créer dans l’instant présent, une envie de communiquer vraie avec son environnement. Au niveau local comme au niveau global, on veut faire partie d’un tout. Aujourd’hui, je pense qu’on est à un moment donné, c’est charnière, on veut être de plus en plus local et on veut être de plus en plus global. En fin de compte, l’ambition que j’ai eu avec BZH New York et BZH Network, c’est donner l’opportunité à un jeune qui voudrait partir à l’aventure et découvrir le monde, d’avoir plein d’interprètes sur la planète qui auront vécus plus ou moins la même chose que lui au départ sur le même territoire. En fin de compte, il y aurait un effet miroir entre celui qui veut vivre la découverte de la différence et celui qui veut redonner en fin de compte à ce qu’il a reçu. Donner l’opportunité à quelqu’un qui veut partir, de rester connecté où il est parti et que, dans n’importe quelle situation, il y aura toujours un territoire qui sera prêt à le retrouver à le mettre en valeur, à le connecter, de le reconnecter d’où il est parti et, surtout, avec son savoir et son intelligence qu’il a récupéré à l’étranger puisse aider le territoire à rayonner à travers le monde.
Quels sont les endroits précisément qui vous font penser à cette liberté ?
L’Abbaye du Relec, au croisement des trois évêchés, le Léon, La Cornouaille et le Trégor, il s’est passé énormément de choses ici. Et, il s’en passe encore énormément. Il y a plein de sources autour. La rivière… ces sources-là vont dans plein de rivières, dans plein de directions. Et, le Centre-Bretagne, clairement, a cette capacité de nous entendre, de retourner à la source. La grande force de la Bretagne, et du Finistère en particulier, c’est que chaque port est connecté à différents endroits de la planète. En fin de compte, tu fais un tour de la Bretagne, c’est comme si tu faisais un tour du monde. Pour moi, il y a des endroits en Centre-Bretagne qui nous permettent de nous ressourcer et de faire sens au mouvement qu’on a autour de nous. La Bretagne est pour moi… Sans les bretons, il n’y aurait…On ne parlerait pas français partout dans le monde. On est à l’interceltisme. On est au croisement des routes vikings et des routes celtes. Nous sommes les meilleurs marins au monde. Les câbles où il y a le plus d’informations sur Terre qui passent entre l’Amérique et, en particulier, où j’habite, Princeton, Trenton, Belab, et puis, la Bretagne avec des endroits comme le CNED. La Bretagne est au cœur de la transformation, au cœur des flux en fin de compte, des flux d’information et des flux… si on prend le Triskell, des choses qui bougent, la Terre, l’air, et l’eau, derrière tout ça, une énergie le tanne. Saint Tanguy, la deuxième Abbaye bretonne qui a été construite en Bretagne après Landévennec. Et, Saint Tanguy et le tanne qui va avec, il y a quelque chose qui se passe ici. Après, c’est ici que tout a commencé, c’était mon premier cocon. Etnsuite, on descend, on suit la rivière et on arrive dans la baie de Morlaix. La baie de Morlaix, il y avait deux endroits pour s’arrêter. La baie de Morlaix où c’était Plymouth avant de partir pour construire le nouveau monde, pour aller vers l’inconnu. On entend l’américain…
Vous semblez être amoureux du Finistère ...
Je pense qu’on l’a tous dans le cœur. C’est sûr que quand on part, on se dit qu’on aimerait bien y être plus souvent. On aimerait bien, contribuer plus aussi je pense. Et, je pense que, tous les bretons qui se mobilisent à croiser un autre breton et un autre breton n’importe où sur la planète, c’est des gens, ils savent d’où ils viennent et ils savent où ils vont. Ils sont sans arrêt dans l’expérimentation et dans l’envie d’aller vers la rencontre de l’autre, de la différence, de marier la différence. On marie une autre partie de la planète en permanence. Bien évidemment, je n’ai qu’à fermer les yeux pour y être dans l’absolu. C’est comme un premier baiser, un premier bon baiser. Celui-là, on ne l’oublie jamais. C’est celui qu’on cherche tous les matins quand on se réveille. On ne l’oublie jamais celui-là. Et, en général, pour un breton, il a eu lieu ici.