La cité engloutie
La ville aux trois ports demeure, bien que délaissée par la sardine, attractive et source d'inspiration. Légendes et mythes hantent les parages du fond de la baie de Douarnenez. Une parenthèse enchantée.
Au hasard des ruelles de Tréboul, on s'arrête soudain à la vue des céramiques de Nathalie Dérouet qui nous font de l'œil, nous attirent comme des aimants. “Les lignes simples et épurées se superposent, racontent tout aussi bien les rivages de l'océan que les horizons de mer japonais.” C'est ainsi que le poète Erwan Rougé, amateur d'art, commente la belle ouvrage de la céramiste-potière. Sur la fenêtre, détaille-t-il, lors de son passage en son atelier, il aperçoit une mue d'oursin, une enveloppe de graine desséchée. De la finesse, une extrême délicatesse. La porcelaine qui naît des mains de Nathalie Dérouet semble venir d'un monde sous-marin. Un bleu-vert. La fragilité ténue d'un corail. Telle une réminiscence fugace d'Ys, la cité engloutie, si familière, si proche.
Chacun, ici, le long des rivages de la baie de Douarnenez, connaît son existence et se tient aux aguets. Les lumières de la baie nous font signe, nous invitent à la contemplation. Et, alors, nous songeons à cette fabuleuse histoire, nous croyons entendre au loin les cloches de la ville perdue dans le faste et la joie trop pleine d'une jeune fille, Dahut. L'eau, comme une vengeance divine, a rompu les digues et enseveli les fêtes, les habitants, la vie qui bruissait. Le roi Gradlon sur son destrier s'en est sorti, les flots rugissant derrière lui. Une ambiance de tempête hivernale qui persiste encore plus fort une fois l'hiver venu.
Cité des arts
Les artistes vont et viennent en nombre, qu'ils soient peintres, musiciens, réalisateurs, écrivains, ils aiment les mots et les images, et se laisser embarquer par les imaginaires multiples, par les légendes, par la respiration des marées. Le poète Georges Perros, chandail marin et pantalon de velours, avait ainsi trouvé son refuge à Douarnenez n'en déplaise au vaste monde qui parfois ne comprenait pas ce soi-disant isolement. Plutôt un recueillement. Un apaisement. Et tout simplement aussi, surtout, parce qu'il préférait “la mer, la vue de la mer et l'odeur de la mer au mot la mer”.