Designer et facilitatrice graphique
Synthétiser, hiérarchiser et illustrer c'est son domaine. Sophie Lenormand, passionnée depuis toujours par le dessin en a fait sa profession, elle réalise des fresques synthétiques et imagées pendant les conférences, séminaires ou réunions. Rencontre avec la créatrice de la société e-pigramme ...
Que faites-vous dans la vie ?
Je synthétise à l’aide d’images et de mots-clés les discours ou les échanges pendant les conférences et les réunions. J’ai découvert ce métier il y a quelques années suite à la demande d’un organisme qui souhaitait que je note en dessinant une restitution d’ateliers en séance plénière. Les anglo-saxons appelle cette technique le « Scribing », ou « graphic recording », que l’on peut traduire par enregistrement graphique : le débat est peu à peu résumé sous la forme d’une grande cartographie.
La fresque est notée en direct, les grands thèmes sont hiérarchisés à l’aide de quelques mots succincts et d’images stylisées ; chacun en voit l’avancement, et parfois, il arrive qu’elle soit projetée sur un écran géant. Le résultat est une grande fresque généralement au format paysage, qui peut servir de support de travail, de mémoire à partager sur les réseaux sociaux, de témoignage. Le but n’est pas de réaliser une fresque exhaustive, mais de noter l’essentiel. Cette mise en forme a été un succès que j’ai eu envie de réitérer en en faisant mon cœur de métier depuis 2017.
Je me déplace avec mes feutres et mon papier, mes cartons, ma tablette bambou ou mon iPad pro, selon les souhaits et les installations techniques de chacun. J’écoute et je restitue de manière objective, j’illustre les métaphores, je pose des titres, des pictogrammes, j’ajoute quelques portraits rapides. De cette technique dérivent mes activités : noter en dessinant pendant les séminaires, les conférences et les célébrations, participer à des ateliers pour expliquer cette technique du « sketchnote » à un public intéressé par cette approche, faciliter graphiquement les échanges pendant une réunion de groupe ou bien réaliser une image mêlant mots et dessins pour présenter les offres de services et savoir-faire d’un entrepreneur, d’un site ou d’une société.
Je m’en sers également pour illustrer synthétiquement la création de mes objets pour la maison. À chaque objet créé, je fais un croquis-note pour expliquer le processus de fabrication et présenter mon objet. Designer produit diplômée en 1992 de l’ENSCI-Les Ateliers*, j’aime travailler en volume, créer dans différents matériaux. Mon matériau de prédilection est la céramique. Modeler, émailler et cuire des objets en faïence que j’aime ensuite croquinoter. J’expose quand l’occasion se présente, comme cette année mes porte-bijoux en béton et porcelaine au Pôle Bijou à Baccarat. Je mêle donc volume, digital, et dessin.
Le dessin est un vecteur de transmission des connaissances à travers le web. Le numérique est un formidable outil de partage et de présentation du travail que je réalise. Ainsi, je partage régulièrement sur les réseaux sociaux les sketchnotes dessinés pendant des conférences auxquelles j’assiste, particulièrement dans le domaine du développement durable. Car suite à un master en QSE (Qualité Sécurité Environnement) obtenu en 2017, j’ai réalisé deux reportings RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) pour des entreprises des Travaux Publics. Je suis donc sensible aux enjeux environnementaux, qui, on l’a vu avec la crise des gilets jaunes, ne sauraient être dissociés des enjeux sociaux et sociétaux.
Pour quelle raison êtes-vous attachée au Finistère ?
Le lien à la Bretagne vient de ma grand-mère Kermorvan, née à Lorient, qui m’a plusieurs fois racontée comment, enfant, elle avait manqué de se noyer dans le canal de la Vilaine à Redon, devant la maison qu’elle habitait avec ses parents, repêchée in extremis par un passant ayant eu le bon réflexe de ramasser une grande bâche qui traînait là, et dont l’extrémité était recourbée en crochet. Heureusement elle n’était pas bien lourde et il visait bien : il réussit à accrocher sa robe et à la remonter au sec sur le quai. S’il n’était pas passé par là, sans doute aurait-elle coulé à pic jusqu’au fond de la Vilaine, plongeant ses parents dans un désespoir infini, et je ne serais pas là à vous exposer tout cela...
Née à Paris, je suis allée en Bretagne bien tardivement avec mes enfants. Nous avons loué quelques années de suite lors des vacances de Pâques une maison à Loctudy, jusqu’à décider un jour d’y acheter une petite maison de vacances. Les ciels bleus ou nuageux, l’Océan par tous les temps, les paysages variés, les bretons si accueillants, les fêtes locales et la gastronomie, ici, tout nous a plu.
Grâce aux outils numériques d’aujourd’hui, je peux travailler n’importe où sur le territoire. Et aussi souvent que possible, je viens à Loctudy.
Que représente pour vous la marque de territoire Tout commence en Finistère ?
Lorsque j’ai découvert le réseau Tout commence en Finistère, j’ai souhaité en devenir l’ambassadrice. Cette région magnifique mérite d’irradier au-delà de ses frontières régionales. À côté de cela, j’aime rencontrer des acteurs de la vie locale, artistes, entrepreneurs, bloggeurs ou sportifs. Ce sont des occasions pour partager, échanger, discuter, autour de sujets variés. Si je peux participer et aider à la diffusion de cette marque pour une meilleure connaissance de la Bretagne, je le ferais de tout mon cœur.
Ce qui m’importe en dehors de cette culture régionale regroupée autour des paysages, des bretons, de leur musique, leur langue, costumes, coutumes et gastronomie, c’est par-dessus tout la préservation de la nature et la biodiversité. Je ne conçois pas aujourd’hui de marque représentative d’une région sans sa démarche responsable quant à l’environnement qui l’entoure : actions pour limiter les déchets, promotion d’une économie locale, soutiens des artisans et des producteurs locaux, sensibilisation à la propreté des plages qui bordent le Finistère, mais aussi objets promotionnels éco-responsables. La marque Tout Commence en Finistère doit fédérer autour de ces valeurs, économiques, certes, mais aussi sociales et environnementales, et devenir une région leader en responsabilité sociétale, pour tracer une voie que chaque ambassadeur suivra par fierté et conviction.
* ENSCI-Les Ateliers : Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle-Les Ateliers