Paisibles et idylliques
“Vallée fluviale envahie par la mer”, telle serait la définition officielle d'une ria. Des rives de l'Aven à la Laïta, le Finistère sud en est richement pourvu. De profondes échancrures, aux allures de fjords, qui abritent de petits ports naturels et coquets.
Des abris où il fait bon vivre
On les nomme “abers” en Finistère nord, et “rias” en Finistère sud. Ces estuaires où se rencontrent et se mêlent l'eau salée de l'océan et l'eau douce des rivières abritent un écosystème riche, une flore et une faune originale. Si proches des fureurs de l'Atlantique, ce sont des abris, des replis qui semblent cachés, secrets, où il fait bon vivre et se blottir.
L'auteur allemand Jean-Luc Bannalec, Finistérien d'adoption, aussi prolifique que talentueux, tombé en amour avec Pont-Aven et son pays auquel il a dédié son premier roman policier, a également mis un point d'honneur à situer l'une de ses intrigues au cœur des rias dans L'Inconnu de Port Bélon. Le héros, le commissaire Dupin, adore Port Bélon, “ce village minuscule et enchanteur qui semblait échapper à toute notion de temps et d'espace. Son charme, sa patine, son atmosphère incomparable − tout cela lui rappelait ces films des années 1970 ou 1980, ces scènes où l'on célébrait la vie, assis à de longues tables de bois, dans des jardins sauvages en bordure d'un fleuve, d'un lac ou de la mer”.
Un mélange de terre et d'eau
Les rivières de Bélon, de Merrien, ou encore de Brigneau, et plus au sud de la Laïta, longent des rives escarpées et boisées, déploient leurs méandres, s'enfoncent dans la campagne, hébergent de petits ports naturels à l'image de Doëlan, des lieux propices à l'affinage des huîtres au fameux goût de noisette. Et les balades sont multiples qui alternent entre bois, rivages bucoliques et furie océanique, ces paysages dont les lumières ont captivé et fascinent encore peintres, écrivains et cinéastes.
“La mer et le fleuve, voilà ce qui faisait la spécificité de cet endroit, poursuit le commissaire Dupin contemplatif, quelque chose qui flottait dans les airs, qui titillait les narines et humectait les lèvres : un mélange singulier de terre − les prairies vertes, les herbes hautes, les fleurs, les champs, les sols lourds et les sous-bois humides − et d'eau douce, sans oublier le sel et l'iode marins plus ou moins présents selon la direction et la force du vent”.