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Thibault Reinhart

"Ce que j'aime dans le Finistère, c'est son côté vrai"

Thibault Reinhart est le PDG d'Ino-Rope, une société qui cherche à intégrer des solutions de fibres synthétiques pour le nautisme et l'industrie. Ce parisien est tombé amoureux du Finistère pendant ses études à Brest et n'en est plus jamais reparti... Portrait d'un navigateur devenu chef d'entreprise.

Quel est le parcours qui vous a mené ici à Concarneau, à la tête d’Ino-Rope ?

J’ai eu la chance de naître à Paris, il y a 37 ans. J’y ai passé 20 ans de ma vie avant d’intégrer l’école d’ingénieur de Brest, l’Ensta Bretagne et j’ai découvert le Finistère. Ça a été pour moi un bouleversement complet ! J’ai découvert la vie ailleurs que dans une grande ville, proche de la mer. Je faisais déjà beaucoup de bateau, j’avais un lien fort avec la mer. Je ne suis jamais reparti.

Vous avez finalement réussi à lier votre passion pour la navigation à vos études…

Je faisais de la navigation en croisière avec mes parents, chaque été, en Méditerranée principalement, mais aussi un peu en Bretagne. C’est à l’école que l'on m’a dit « Mais tu sais naviguer depuis super longtemps, t’es super bon ». C’est comme ça que j’ai commencé à naviguer dans la team de l’Ensta avant d’intégrer l’équipage excellence de l’école. On a fait le Tour de France, on a fait du Match Racing (NDLR : régate sous forme de duel), on a fait plein de choses ! J’avais un très bon copain qui faisait la Mini Transat au sein de l’école (NDLR : course transatlantique sur des Mini 6.50), j’ai trouvé que c’était une excellente idée et j’en ai pris pour 10 ans !

Vous avez été navigateur avant d’être chef d’entreprise…

Oui, c’est mon ADN. Moi, je ne pense qu’aux bateaux de course. Ces 10 ans de course au large sont les plus belles années de ma vie. J’ai construit trois bateaux, j’ai fait trois transat, deux Mini et une transat retour en class40. Je suis quelqu’un qui aime bien se mettre des objectifs dans la vie. Mon gros objectif, c’est le Vendée Globe et c’est une des raisons pour laquelle je me suis mis à entreprendre Ino-Rope et d’autres projets en même temps. Ce sont des projets lourds à mener et sans une bonne santé financière à côté, on ne s’en sort pas.

Pour le moment, le Vendée Globe est toujours un petit peu loin mais ça reste mon objectif. Quand le boulot est dur, je pense à ça. Puis, j’ai de plus en plus de copains qui le font donc ça donne très, très, très envie. Le jour où je vais me mettre à naviguer, ce que je fais aujourd’hui (mon expérience Ino-Rope) aura complètement changé ma manière de mener un projet de bateau. C’est obligé !  

Comment est né Ino-Rope ?

Ino-Rope, c’est une super belle histoire ! J’en ai des frissons à chaque fois qu’on en parle car c’est vraiment l’histoire de deux copains au fond d’un garage. Julien, inventeur fou, mateloteur, qui a la capacité de voir les choses autrement, de regarder un verre différemment… Et un jour, il a inventé un concept de poulie. J’habitais chez lui en coloc, je n’avais pas encore de maison dans le Finistère, on a discuté, fait des dessins, moi ingénieur naval, j'ai fait des 3D... Au bout de 6 mois à travailler au fond du garage, nous sommes arrivés à un "prototype minimum vital" qu’on a appelé à l’époque P0 alpha. Ça a été le début du projet.

Si on avait su à l'avance la route qu’on allait prendre, je pense qu’on serait partis en courant... mais aujourd’hui, six ans après, je ne regrette absolument rien. Il y a eu des moments très difficiles bien sûr, mais il y a eu aussi de super beaux moments… Aujourd’hui, nous sommes 15 à travailler pour Ino-Rope et on a vraiment hâte de sortir du mode start-up. Nous touchons quasiment notre point mort financier et allons pouvoir développer un projet beaucoup plus ouvert.

Pourquoi s’être installé ici, dans le Finistère Sud ?

J’ai adoré Brest pour son petit côté punk alternatif, je suis très attaché à cette ville. Mais j’ai construit mes premiers bateaux dans le coin, chez Minaouet Marine, Marée Haute, IDB… J’ai été l’un des premiers, voire le premier client de Marée haute. C’est donc là que j’ai découvert un peu ce coin ; on s’y plaît bien. Surtout, Julien habitait à Trégunc ; c’est pour moi un point fixe, mon "squat".

Quand on a créé Ino-Rope, Julien était hébergé chez Kaïros, l'entreprise de Roland Jourdain, à Concarneau. C'est pour cela que nous avons choisi de fixer notre siège social ici. Puis, j’ai acheté une maison, ma copine a accepté de venir de Paris... On s’est attachés au coin et je le suis de plus en plus. Nous avons une vraie qualité de vie, je pense que les gens ne s’en rendent pas du tout compte hors du Finistère. J’essaie de ne pas trop le dire parce que je suis content qu’il n’y ait pas trop de monde mais j’essaie d’en parler car je pense qu’il faut qu’on arrive à s’étendre sur le territoire et le Finistère a plein, plein, plein d’atouts.

Le Finistère est donc un terrain de jeux pour tester ce que vous produisez ?

Oui, certainement. Avec Julien, nous venons de la classe mini et cela fût un super laboratoire pour tester nos produits. Ici, nous sommes à proximité de chantiers, de Port-La-Forêt, pas très loin de Lorient... Moi, je refusais d’être à Lorient car je suis persuadé qu’il vaut mieux être grand dans un petit endroit que petit dans un grand endroit. À Concarneau, nous sommes la seule start-up. Puis, « =Tout commence en Finistère » : j’adore ce slogan. En effet, tout commence ici ! Je pense qu’on a tout ce qu’il faut pour tester, pour entamer des projets et au-delà de la qualité de vie, notre pouvoir d’achat est largement supérieur ici par rapport à celui que peuvent avoir mes amis ingénieurs à Paris.

Comment se passe le passage de la start-up à l’entreprise industrielle ? Vous avez aussi reçu le prix de l’innovation au Mets…

Aujourd’hui, on invente un nouveau métier dans une nouvelle industrie, avec des nouveaux matériaux et des nouvelles solutions. Avec Julien, nous avons eu plusieurs phases. On est forts en Recherche & Développement et au début, nous nous sommes dit qu’on allait juste faire ça : inventer des concepts et essayer de les vendre. Mais ça ne marche pas dans la "vraie vie" car si on n’a pas les moyens de défendre ses idées, on se les fait purement voler.

La deuxième phase, ça a donc été de faire, un peu tout ce qui venait, pas de manière assez organisée. On est allés un peu partout : on a réalisé des haubans pour des antennes télécom, on a fait des lignes de mouillage, on a remplacé des lignes de mouillage (le métal par du textile), on a fait des tendons de genou... On a réalisé beaucoup de choses mais jamais vraiment des produits qu’on pouvait dupliquer.

Aujourd'hui, nous identifions les produits que l’on va pouvoir vendre pour être une vraie entreprise. Aujourd’hui nous avons encore les finances d’une start-up parce qu’on ne gagne pas assez par rapport à ce que l'on dépense mais dans notre approche et notre organisation nous sommes, selon moi, déjà une vraie entreprise.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’innovation des produits Ino-Rope, cette alliance fibre textile et high tech ?

Venant du monde de la voile, c’était une évidence pour nous : tout le monde connaissait les fibres que nous utilisons ici couramment. Lorsque nous avons présenté notre poulie, inventée avec un axe textile, les industriels ne connaissaient pas du tout ce matériau. C’est là qu’on a regardé tout notre environnement différemment.

L’innovation est sans fin car il existe aujourd'hui énormément de bouts de métal que l’on peut remplacer par du textile. C’est d’ailleurs un défaut qu’on a eu au début de notre aventure : se dire que nous allions pouvoir tout faire. C’est mon côté « Monsieur fois 10 ». Et Monsieur fois 10 a compris aujourd’hui qu’il fallait faire petit pas par petit pas. Maintenant, nous essayons donc de répondre à des problématiques quelles qu’elles soient par des fibres synthétiques, des matières très nobles et très techniques.

Comment le Finistère vous inspire au quotidien dans ce que vous faites ?

Pour habiter dans le Finistère, il faut déjà avoir envie d’être un peu différent. C’est ce qui fait que les Finistériens sont différents. Je suis notamment très attaché à Douarnenez où il y a une vraie diversité, les gens se lâchent beaucoup plus. J’aime les gens vrais. C’est ce côté vrai que j’aime dans le Finistère. Aussi bien le p’tit vieux authentique dans son bistrot, le pêcheur avec sa trogne de pêcheur, que les jeunes qui arrivent et sont hyper malins.

La relation aux autres est importante ici. Venant de Paris, ça a été un truc que j’ai pris en pleine tronche ! Ça n’existe pas chez moi ! Chez moi, on ne se dit pas bonjour quand on habite le même immeuble ! Ici on se dit bonjour, même au supermarché. Puis, moi j’aime bien dire bonjour, j’aime bien les gens...

Un coin préféré que vous gardez pour vous ? Un coin préféré que vous aimez partager ?

L’endroit que j’aime partager, c’est Douarnenez. J’y ai eu mon bateau, je me suis entraîné pendant dix ans, je me suis occupé du pôle Mini là-bas. J’aime particulièrement Tréboul, un petit village d'irréductibles Gaulois. Pourtant je n’ai jamais voulu y habiter par peur de m’y perdre. Je suis quelqu’un d’entier et tout peut arriver là-bas.

Et mon coin à moi, c’est ma maison. Avec ma copine nous avons eu la chance de dégoter deux hectares, un peu dans les terres, pas très loin de la mer. C’est vert, c’est calme. C’est beau. C’est trop bien !

Pastille ambassadeur

Son aventure en podcast

En quelques dates

2002 : il intègre l'Ensta Bretagne

Depuis 2003 : participation à de nombreuses régates et transat, dont plusieurs Mini

2013 : création d'Ino-Rope

Inorope

Pastille ambassadeur

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